lundi, novembre 06, 2017

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Livre: “Les deux formes”, Amazon


madic50.blogspot.com

Paris, le mardi 7 novembre 2017

Objet : Les français et l’argent de leurs cadres administratifs dirigeants

En copie :
Président de la République
Premier Ministre
Ministre de l’Economie et des Finances
Directrice générale du Trésor

Présidents du Parlement
Présidents des Groupes parlementaires

Union européenne

Caisse des dépôts et consignation :
Directeur général
Elus de la Commission de surveillance

OCDE


Vos réf. : le 31.10.17
« Cher Monsieur,
Je vous remercie pour votre courrier, qui m’a vivement intéressé.
Les candidats à la direction générale de la Caisse des dépôts, plus nombreux qu’on ne le dit, ne sont heureusement pas seulement guidés par le salaire attaché à la fonction.
Bien à vous.
Gilles Le Gendre / Député de Paris »
Président de la commission de surveillance de la Caisse des Dépôts
Assistant parlementaire : / Théo Dardonville
+33 6 45 56 30 29 / theo.dardonville@clb-an.fr

Monsieur le Député Le Gendre
Président de la commission de surveillance de la Caisse des Dépôts

Je vous remercie de votre commentaire sur ma réflexion du 30 octobre consacrée à « La vacance des places de cadre public dirigeant ». cf. ci-après.

Je sais d’expérience que vous n’y étiez pas contraint ; eut égard à ma condition sociale.

1)- Préambule
Vous écrivez « Les candidats à la direction générale de la Caisse des dépôts, plus nombreux qu’on ne le dit, ne sont heureusement pas seulement guidés par le salaire attaché à la fonction. »

Par ces propos, vous rappelez fort opportunément l’attachement des cadres dirigeants français au Service public et leur acceptation des obligations de modestie qu’il impose.

Sans cette qualité personnelle qui leur est commune, il n’y aurait en effet pas d’administration publique ni d’Etat.

Je partage donc complètement l’idée que la rémunération de la fonction n’est pas le seul critère sur lequel se fondent les postulants à cette nomination.

Vous avez d’ailleurs été vous-même interpellé, au titre de Président de la commission de surveillance, par le SNUP (Syndicat national unitaire des personnels de la Caisse des dépôts), par une autre perspective de questionnement au sujet de cette nomination.

Le SNUP « redoute » que cette « absence de nomination » prépare « la parution d'une ordonnance ou un projet de loi venant modifier le statut public de la CDC et entériner son démantèlement ».

La CGT de la CDC avait récemment également alerté les parlementaires dans le même sens.

Il serait cependant obscurantiste d’opposer la diversité des préoccupations quant à la vacance du siège de Directeur général de la CDC ; aussi bien celles exprimées par divers syndicats que celles rapportées par Le Canard Enchainé.

2)- Les PRPT
Le Canard Enchainé n’est en effet pas le seul médium à faire état de cette réalité qu’est l’hypertrophie des Pantouflages, Rétropantouflages et « Portes tournantes » (les PRPT).
a- Ce journal établit la généralisation de cette pratique, cf. le 31.05.17 : «…Pratique jadis réservée aux hauts fonctionnaires soucieux d’améliorer leurs fins de mois en milieu ou en fin de carrière, le pantouflage s’est généralisé et les risques de conflits d’intérêts n’ont jamais été aussi nombreux. ».
b- L’OCDE fait des « Portes tournantes » (PT) une catégorie fonctionnelle.

Ce qui fonde mon propos est que cette évolution, au premier abord choquante, n’est justement pas le fait de la seule diffusion de l’appât du gain.

Elle est aussi, et peut être d’abord, la façon des cadres dirigeants d’interpeller en masse les Pouvoirs publics sur le renouvellement de la question de leurs rémunérations.

François Denord, sociologue © Radio France / B. Collombat
« 75 % des inspecteurs des finances vont pantoufler au cours de leur carrière, dont un bon tiers de manière durable ou définitive. »

Au contraire de biens des commentateurs ; je ne pense pas que les  préoccupations de ces populations soient injustifiées, inconvenantes ou incongrues.

Nous parlons là des cadres dont la liste est notamment établie par le Décret n° 53-707 du 9 août 1953 modifié.

3)- L’inaction
La pertinence de cette question est reconnue par les représentants des Pouvoirs publics. Elle est traitée jusqu’à présent sous le masque habituel des « primes ».

Le député René Dosière expose ainsi le point de vue officiel : « le principe de ces primes n'est pas choquant. Mais les rémunérations sont élevées: cela pose donc le problème de la rémunération dans la haute fonction publique. Une question qui mérite de faire l'objet d'une discussion ».

Ce faisant, il donne le fin mot de la pensée des cadres politiques français sur cette question, la ligne directrice : subir l’évolution et remettre sa discussion à une date indéterminée.

La question des rémunérations des cadres dirigeants est posée par le public concerné. Les Pouvoirs publics la gèrent par le déni et en reportent la réponse sine die.

4)- Les cousinages de l’innommable
Au pays de l’écrivain Albert Camus qui a dit « mal nommer les choses ajoute au malheur du monde » ; tout se passe comme si les Pouvoirs publics avaient la plus grande peine d’accepter de seulement nommer les choses.

Sans faire d’identification péremptoire ; le détour par une brève comparaison avec un objet d’étude qui n’a rien à voir avec les Finances publiques peut éclairer cette incapacité morale à nommer les choses.

Ainsi, au sujet des « retournants » du Jihad ; les combattants qui reviennent en France :
a- Les Pouvoirs publics sont incapables d’établir publiquement que ces guerriers, pour lesquels un lieu de combat est un moment d’un parcours militaire dont la France est une étape, doivent rendre des comptes à la justice des pays où ils se sont constitués guerriers avant de se présenter devant la justice française.
b- Seuls les magistrats locaux sont en mesure d’établir et juger les fautes.
c- Encore faut-il les reconnaitre comme magistrats.
d- La solidarité des justices prime alors sur la protection nationale à l’égard des ressortissants et la justice française doit livrer ces combattants à ses homologues ainsi qualifiés.
e- Au lieu de cela, pour ne pas nommer les choses, les autorités françaises vont jusqu’à se mettre juridiquement en tord en remplaçant le droit par le combat d’après guerre, la « neutralisation », qui est illégal.
d- N’étant pas capable de nommer les choses, les autorités françaises perdent la maitrise de leur cours et provoquent leurs embarras, voire leurs défaites civiles à venir.

Il y a un cousinage idéologique entre cette incapacité à nommer les faits concernant la guerre et l’incapacité à nommer les faits organisant les rémunérations des cadres dirigeants de la Fonction publique.

5)- La logique et le fonctionnement
Pour comprendre la question posée par les cadres dirigeants de la fonction publique en matière de rémunérations il faut d’abord repérer le fonctionnement et la logique de celles-ci.

Ensuite nous verrons les mutations qu’impose la Mondialisation.

A- Le fonctionnement
La question des rémunérations concerne deux catégories de paiements :

1- Les rémunérations maitrisées
a- Le paiement public
95% de fonctionnaires qui gagnent entre 1350 euros et 3800 euros brut.
5% gagnent de 3800e à 8000e.

2- Les rémunérations incontrôlées
Cette grille de salaire officielle ne tient pas compte des « primes ».
a- Pour les salaires ordinaires, y compris des cadres, ces « primes » sont contrôlées par la comptabilité publique.
b- Pour un certain nombre de Hauts fonctionnaires, ces « primes » sont secrètes,
c- Nous les appelons « surprimes ».
c- Ces salariés sont dits « au nombre d’une grosse centaine ».

3- La fonction des « primes »
a- Il est expliqué benoitement par voie de presse que ces surprimes servent de formes de « compensation » par rapport à des salaires bruts forcément inférieurs à ceux auxquels les mêmes personnes pourraient prétendre en choisissant de travailler dans une grande entreprise du secteur privé.
b- Dans le secteur « privé », les cadres concernés peuvent gagner jusqu’à dix fois plus.

4- Le camouflage
a- Nous sommes là en plein camouflage ordinaire d’une dépense dans une comptabilité.
b- Le fait de l’existence d’une discussion salariale hors-cadre est reconnu, publiquement pris en compte par les « primes », mais politiquement dénié.

B- La logique
Les cadres politiques français pensent les effets de la mondialisation sur la rémunération des cadres comme une source nouvelle de désorganisation à laquelle il faut opposer le renforcement des logiques séculaires du bon fonctionnement de l’administration.

Il est caractéristique que dans les débats parlementaires cette question soit subordonnée à la morale et non à la stratégie.

C’est la primauté des critères moraux qui fonde la solidarité publique de tous les fonctionnaires.

Ainsi :
On sert l’Etat, le Service public, par vocation, dévouement, abnégation, sacrifice, sacerdoce, honnêteté, etc.
La vocation est la capacité de manipuler des fortunes, celles de l’Etat en premier lieu, en comptant ses fins de mois.
La modestie du défraiement des fonctionnaires est un élément capital de l’imaginaire public.

Dans tous les débats portant sur les rémunérations des fonctionnaires l’accent est mis sur la nécessaire modération des hauts salaires.

Par exemple, la question posée par la presse est de savoir si le gouvernement Ayrault a versé moins de primes que celui de Fillon.
a- Il est dit que des montants de 35 000 à 80 000 euros « donnent le vertige ».
b- La presse nous rassure en concluant : « Si ces montants sont élevés et peuvent donner le vertige, ils restent malgré tout moins élevés que lors des années précédentes »
c- Ainsi «  Le Monde explique ainsi que le montant global des dotations pour les primes de cabinet s'élevait à 31,6 millions d'euros en 2010, pour repasser à 28,4 millions en 2011 et 25,8 millions en 2012. »
d- Ouf, on a eu chaud.

Cette modération est mise en parallèle avec la modération salariale générale qui se marque par les techniques de gel des salaires des fonctionnaires.

Or, dans un cas, les revenus sont réellement bloqués. Dans l’autre, les disparités augmentent avec les primes incontrôlées.

Mais surtout, ce verbe politique fondé sur la morale ne permet pas de rendre compte des revenus extra indiciaires formés par les PRPT. Ils sont désormais des revenus de plein droit de la fonction publique dirigeante.

6)- La mondialisation
La mondialisation n’est pas une extension de la France dans le monde. Elle est la confrontation des références de l’autorité des cadres dirigeants du monde. Elle a changé tous les dispositifs techniques de rémunération.

Paul Lagneau-Ymonet, sociologue © Radio France / B.Collombat
« Le rapport de force entre l’ordre économique et l’ordre politique a bougé en faveur de l’ordre économique. À l’échelle individuelle, les opportunités de carrière offertes à d’anciens hauts fonctionnaires dans le privé sont incomparables. Autrefois, vous pouviez décider de servir l’Etat parce que vous vouliez avoir le pouvoir, puis vous alliez dans le privé parce que vous vouliez l’argent. Aujourd’hui, vous pouvez avoir le beurre et l’argent du beurre, dans un temps très réduit. »

La nouveauté est que les mesures d’unité administrative mises en place depuis des siècles dans la construction des Etats-nations modernes (limitation et modestie des revenus, inscription dans la chaine des salaires modestie) ne fonctionnent plus au titre de critère unique et souverain.

La mondialisation impose de reconnaitre qu’il n’y a pas de lien de cause à effet entre les revenus salariaux ordinaires, comprenant ceux des cadres, et la rémunération du Directeur général.

La grille des salaires peut organiser une solidarité hiérarchique avec le corps administratif. Elle ne peut plus fixer les revenus de ces cadres dirigeants.

Ces derniers ne se repèrent plus par rapport aux catégories salariales subordonnées. Ils se comparent à leurs alter egos mondiaux.

7)- L’historique
1- Les cadres dirigeants subordonnés aux grilles des salaires et à des salaires augmentés étaient en adéquation avec l’exercice des responsabilités des sociétés closes, nationales, contrôlées, maitresses de leurs systèmes ; des entrées et sorties de leurs fonctionnements, avec des frontières établissant une souveraineté.

2- Aujourd’hui, les cadres dirigeants doivent organiser l’internationalisation de leurs administrations, aussi bien en laissant agir les réseaux étrangers sur leur territoire professionnel national, qu’en conduisant leurs administrations à prendre elles mêmes des parts d’activités sur les territoires administratifs d’autres nations.

Ils ne peuvent plus se subordonner aux critères de distinctions de leurs administrations nationales.

Ils se rattachent à la nation non plus prioritairement par une soumission légale et réglementaire mais d’abord par une projection stratégique.

Ils ne s’adressent plus aux cadres dirigeants des autres pays en diplomates mais en partenaires.

La validation de leur autorité dépend donc d’abord des critères de reconnaissances communs aux réseaux mondiaux des cadres dirigeants avec lesquels ils travaillent.


8)- L’argent
Le critère principal qui s’est imposé ces dernières années et pour un certain temps est l’argent.

Ce qui est appelé « l’argent » dans la question des capacités personnelles des cadres dirigeants est l’argent personnel, la rémunération.

Avec la mondialisation, le rapport de l’autorité des cadres dirigeants à l’argent personnel a changé.

Pour faire court, il est visible que l’argent, les revenus personnels, les rémunérations, sont devenus un lieu d’établissement de cette autorité là où elle s’exerce réellement, dans le monde.

L’argent perçu au titre des rémunérations personnelles est constitutive de l’autorité professionnelle des cadres dirigeants à l’intérieur de leur monde.

La perpétuation de l’école du Service public amène à s’interroger sur ces situations nouvelles.

Il faut donc maitriser ce nouveau rapport à la richesse personnelle pour défendre le Service public.

9)- Le déni
Par ses effets pervers, la primauté de la morale dans l’examen des questions de rémunération des cadres dirigeants organise un déni contre productif.

1- La disqualification personnelle
En interdisant à « la grosse centaine » de cadres « Publics » « qui gagnent plus que le Ministre » de se mesurer publiquement à leurs alter egos « Privés », les moralistes les disqualifient là où l’argent personnel est l’unité de mesure incontournable.

Lorsque les dirigeants d’une administration industrielle publique discutent concurrentiellement avec des industriels privés en Asie, par exemple, ils ne sont plus couverts par le prestige de l’Etat puisqu’ils sont des « commerciaux ». Ils sont confrontés à la suprématie des valeurs du capital.
On ne résout pas tous les modes de confrontations par de la psychologie.

2- La subordination
a- Soit, le cadre dirigeant Public se plie aux exigences, dites ou implicites, du « Privé » et il devient un cadre mondialisé ad hoc.
b- Soit, il reste dans les tracés de la fonction publique et il se coupe insensiblement de cette mondialité culturelle et financière des réseaux de cadres à laquelle il n’a pas accès.
c- Les cadres Publics sont condamnés à accepter une sous estimation publique d’eux-mêmes ou à accepter la tutelle du Privé.

3- L’invisible
Christophe Nijdam, ancien banquier et ex-secrétaire général de l’ONG Finance Watch résume ainsi le travail de sape du Service public par les PRPT :
 « Quand vous êtes au Trésor, vous savez que si vous voulez par la suite faire une carrière mieux rémunérée, vous allez le faire dans le secteur bancaire. Vous avez toujours un petit lutin à l’arrière de votre cerveau qui vous dit que ce n’est peut-être pas très malin d’aller à l’encontre des désirs du secteur bancaire… au cas où. »

4- La perversité
Partant d’une intention louable, de l’apparence d’une évidence morale indiscutable, d’une habitude culturelle séculaire, le repli sur des principes ancestraux adaptés aux Etats souverains d’avant la mondialisation laisse désormais les Pouvoirs publics impuissants devant le développement de collusions douteuses, de pratiques malhonnêtes et parfois de dérives criminelles.

Cette substitution de la morale à l’analyse objective des évolutions donne la primauté aux voyageurs sur les sédentaires.

Elle fait courir le risque, repéré publiquement, aux premiers d’être les porte-voix du Privé et aux seconds d’être les dindons d’une farce qu’ils ne peuvent influencer.

Dans les deux cas, l’administration publique s’en trouve incertaine dans ses missions et affaiblie dans ses capacités.

10)- Le constat mondialisé
Un rapport confidentiel de l’OCDE daté de 2009, fait le même constat en Australie, en Belgique, au Canada, en Irlande, en Nouvelle-Zélande, et au Royaume-Uni. Là encore, l’OCDE s’inquiète des conséquences du pantouflage et des « portes tournantes » sur les autorités de régulation.

Extrait du rapport de l'OCDE en 2009 :
« Les relations proches entre, d’un côté, les régulateurs et le pouvoir politique, et de l’autre, l’industrie de la finance et ses lobbyistes, sont alimentées par le recyclage régulier de personnel entre ces deux univers. (…) S’attaquer aux portes tournantes constitue le début d’un processus indispensable afin de restaurer la confiance des citoyens dans le système politique et le fonctionnement des marchés financiers. »

Personne ne doute de l’honnêteté, de la loyauté et du désintéressement moral, des fonctionnaires de l’Australie, la Belgique, le Canada, l’Irlande, la Nouvelle-Zélande, ou du Royaume-Uni. La réussite de ces pays en témoigne.

Sans ces qualités des personnels administratifs aucun Etat moderne n’aurait vu le jour.

Et pourtant l’OCDE cite les PRPT, « les portes tournantes », comme un ennemi de « la confiance des citoyens dans le système politique et le fonctionnement des marchés financiers ». Cet ennemi serait si puissant qu’il faudrait « restaurer » cette confiance.

Le déni français n’est donc pas tenable.

L’un des intérêts de ce rapport est d’établir que notre société a besoin de cadres dirigeants dédiés au Service public.

Ces cadres doivent être selon un mot du Général « Sûrs d’eux-mêmes et dominateurs ». La politique du déni les blesse dans ces deux qualités.

11)- Une réponse
L’OCDE rappelle l’urgence de l’indépendance du Service public à l’égard des puissances privées dites économiques.
Cet impératif impose aux pays développés de disposer à nouveau de cadres dirigeants dont la trajectoire personnelle ne soit pas subordonnée à ces intérêts particuliers, si légitimes soient-ils.

Cette discipline ne concerne expressément que les cadres dirigeants qui assurent la permanence des institutions.

En effet, l’efficacité des administrations publiques ne réside pas dans une doctrine de la pureté mais dans la solidité d’une direction stratégique.

Cette indépendance morale des décideurs nécessite une rémunération à la hauteur des exigences de la mondialisation sans les subordonner aux acteurs Privés de celle-ci.

Il est possible de mettre en place cette rémunération, que l’OCDE qualifie de « processus indispensable », sans que cela pèse sur le budget ni ne mette à mal la grille des salaires qui assure l’unité administrative hiérarchique.

Pour cela, il faut abandonner les chimères du déni,

C’est ce dont je propose l’expérimentation afin d’accompagner le travail législatif.

En vous remerciant pour votre attention,

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Député, Président de la commission de surveillance de la Caisse des Dépôts, l’assurance de mes salutations distinguées,


Marc SALOMONE







madic50.blogspot.com

Paris, le lundi 30 octobre 2017

Objet : La vacance des places de cadre public dirigeant

En copie :
Premier Ministre
Ministre de l’Economie et des Finances
Directrice générale du Trésor

Caisse des dépôts et consignation :
Directeur général
Elus de la Commission de surveillance

Présidents du Parlement
Présidents des Groupes parlementaires




Monsieur le Président de la République,

Le Canard Enchainé du mercredi 25 octobre 2017, p.1 publie un billet « Personne ne veut la Caisse ».

Il s’y rapporte que le Président Macron a voulu précipiter la démission du Directeur Général de la Caisse des dépôts et consignation, M. Pierre-René Lemas. Celui-ci pouvait rester jusqu’en 2019.

Le problème est que les personnes pressenties pour lui succéder se dérobent.

Il s’en suit que M. Lemas est chargé d’assurer un intérim qui pourrait durer un certain temps.

L’Etat ne parvient donc plus à pourvoir l’un des postes les plus prestigieux qu’il puisse offrir.

L’unique raison en est que la rémunération du Directeur général de la Caisse des dépôts et consignation ne convient plus aux cadres susceptibles de concourir à ce poste.

Ce sont en fait les revenus des fonctions administratives dirigeantes de l’Etat qui ne correspondent plus à ceux des cadres de même niveau dans le circuit mondialisé qui est aujourd’hui la référence professionnelle.

Le prestige de ces fonctions auprès du public et du personnel d’Etat ne suffit plus à effacer leur disqualification financière et donc in fine morale auprès de leurs Alter egos mondiaux.

Au sein de l’Etat, la mondialisation a fait entrer les revenus du secteur privé en concurrence avec ceux du secteur public dans la définition du rang d’importance et de considération attaché à une fonction dirigeante.

D’où les départs dans le privé (pantouflage), les allers-retours public-privé (rétropantouflage) et finalement cette dérobade qui ne peut plus être masquée.

Les revenus des cadres dirigeants français sont fixés par deux décrets.

1- Le Décret n° 2013-56 du 16 janvier 2013 relatif à la rémunération du directeur général de la Caisse des dépôts et consignations
 « Une base juridique est donnée à la détermination par le ministre chargé de l'économie et le ministre chargé du budget des éléments fixes, variables et exceptionnels de la rémunération du directeur général de la Caisse des dépôts et consignations, dans le respect du plafond défini par le décret n° 53-707 du 9 août 1953 modifié relatif au contrôle de l'Etat sur les entreprises publiques nationales et certains organismes ayant un objet d'ordre économique ou social. »

2- Le Décret n° 53-707 du 9 août 1953 modifié. Il fixe :
a- La liste des cadres dirigeants concernés :
« Les éléments de rémunération d'activité des présidents du conseil d'administration, des directeurs généraux, des directeurs généraux délégués, des présidents-directeurs généraux, des présidents et membres de directoire, des présidents du conseil de surveillance, des présidents, des gérants et, d'une manière générale, des personnes qui, quel que soit leur titre, exercent des fonctions équivalentes »

b- Le plafond à respecter :
« Les décisions des ministres prises en application du I relatives aux sommes versées aux personnes mentionnées au 2° du I au titre des 1° et 2° du I ne doivent pas conduire à fixer ou approuver des rémunérations excédant un plafond brut de 450 000 euros. Ce plafond peut être modifié par décret. »

C’est ce « plafond » que les cadres dirigeants cités jugent irrévocablement inadapté à l’autorité actuelle de leurs charges.

Il serait incompréhensible qu’on ne tienne pas compte de leurs opinions concernant la fixation du niveau de leurs rémunérations.

L’exceptionnalité de revenus fondés sur l’exceptionnalité des fonctions est un élément ordinaire de la discussion légale de ces rémunérations.

En commercialisant l’exercice de l’autorité des cadres dirigeants publics, la solution de « l’intéressement » qui vient spontanément à l’esprit des analystes ne tient pas compte de la spécificité de la fonction publique.

Par contre, des solutions respectueuses du Service de l’Etat, du Service public, des discussions salariales adaptées à ces fonctions, existent.

Elles permettraient d’allier le respect des normes salariales de la fonction publique et l’exigence légitime des cadres dirigeants de porter leurs rémunérations à la même hauteur que celles de leurs collègues mondiaux.

Cet article caustique du journal satirique montre sans conteste que les réflexions officielles en cours ne parviennent pas à trouver une solution à cette question majeure du fonctionnement de l’Etat qu’est l’acceptation de leur nomination par les cadres pressentis.

Pour les dispositifs en place et les réflexions qui les construisent, c’est un échec.

Il devient dès lors à la fois plausible de prêter attention à une réflexion parallèle à celles-ci et utile d’expérimenter des dispositifs qui pourraient créer une réussite.

En vous remerciant de votre attention et dans l’attente de vous lire,

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’assurance de mes salutations distinguées,  


Marc SALOMONE

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