lundi, septembre 18, 2017

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Paris, le lundi 18 septembre 2017

Partie 1 : texte français / Partie 2 : texte anglais, Google traduction

En copie :
1- Président de la République française
2- Commission européenne
3- ONU
4- Ambassades : Corée du Nord (Berne), Corée du Sud, Chine, Européennes, Japon, Russie, USA.
5- Présidents du Parlement et des Groupes parlementaires français


Réflexion sur telle déclaration de Mme Haley, ambassadrice permanente des Etats-Unis à l’Onu, de M. Kim, Président de la Corée du Nord, de M. Lavrov, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie.




Le 17 septembre 2017, dans une interview accordée à CNN, Mme Nikki Haley, ambassadrice permanente des États-Unis auprès des Nations unies, a déclaré : «Nous savons tous que si la Corée du Nord garde ce comportement agressif, et que si les États-Unis doivent se défendre ou défendre leurs alliés, la Corée du Nord sera détruite».

Mme Haley justifie son point de vue par l’échec des « moyens diplomatiques » : «Nous avons voulu être responsables et mettre en œuvre tous les moyens diplomatiques pour qu'ils nous prêtent attention», a expliqué Mme Haley. «Si cela ne marche pas, le général Mattis s'en occupera».

Auparavant, les Etats-Unis, ont rejeté la proposition commune de la Chine et de la Russie.

Ce que ces derniers appellent « un plan raisonnable » consiste en un double « gel » :
a- Kim Jong-un gèle tous les essais nucléaires et les lancements de missiles balistiques,
b- les Etats-Unis et la Corée du Sud gèlent les exercices militaires à grande échelle, régulièrement utilisés comme prétexte en Corée du Nord pour réaliser des tests.

Personne n’a donné l’avis de la Corée du Nord sur cette proposition dont on ne sait pas si elle lui a été adressée.

Cet effacement du principal intéressé de la conversation diplomatique renvoie à la caractéristique des propositions des puissances concernées dans ce débat.

Elles sont toutes :
1- Soit exclusives de la participation de la Corée du Nord, voire des deux Corées, à la solution.
2- Soit secrètes.
a- C’est ce que Mme Haley appelle, comme ses alter egos d’ailleurs, «  tous les moyens diplomatiques ».
b- Lorsque M. Lavrov, Ministre des affaires étrangères russe, affirme « qu'il n'y a pas d'alternative aux moyens politiques et diplomatiques de règlement du problème », il renvoie à la proposition du « gel » et donc à la verticalité de sa diplomatie.

Or, toute la stratégie des gouvernements Nord-coréens successifs est précisément d’interdire toute discussion sur la Corée et a fortiori toute évolution de la situation coréenne à l’insu ou contre la Corée du Nord.

Le Président Kim Jong-un a ainsi résumé le point de vue doctrinal du gouvernement nord-coréen devant les membres du département pour l'industrie de défense du Comité central du Parti de travail de Corée, d'après l’agence centrale de presse Nord-coréenne (KCNA) :
«Notre objectif final est de garantir un équilibre réel des forces nucléaires avec les États-Unis et obliger les dirigeants américains à arrêter leurs spéculations sur la possibilité d'une solution militaire concernant notre pays».
Il a appelé les ingénieurs et les scientifiques du pays à poursuivre la modernisation des missiles nationaux :
«Nous devons démontrer que nous sommes capables de mettre en place les forces nucléaires de notre État malgré les sanctions sans précédent», a noté M. Kim cité par l'agence Yohnap.

Ce faisant, il est dans la fonction que lui assigne l’armistice du 27 juillet 1953.

L’armistice sépare non pas deux « Etats » distincts, souverains, mais il distingue, à l’intérieur d’un même pays, deux équipes militaro-politiques auxquelles il assigne un territoire à diriger.

Il s’en suit que la Réunification devient le programme politique de ces deux équipes.

Cette subordination à la Réunification est symboliquement marquée par le refus de l’équipe dite de Corée du Sud de ratifier l’armistice.

Pour les deux camps, cet armistice n’est que partie-remise. Leur vocation est la Réunification.

Donc, le gouvernement nord-coréen joue la partition qui lui a été assignée en se donnant les moyens de ne jamais être subverti par les forces associées à la Corée du Sud.

Les anciens équilibres précaires garantis par les grandes puissances aboutissent partout à la multiplication de la revendication nucléaire des pays subordonnés comme garantie suprême de souveraineté.

Par son armement nucléaire, la Corée du Nord signifie que les deux Corées ne pourront plus être considérées indéfiniment comme des marionnettes des puissances alliées.

Il est donc particulièrement contre-productif de fonder les « moyens diplomatiques et politiques » sur l’intimation faite aux deux Corées d’accepter d’être soumises aux manœuvres américaines et à l’hégémonie chinoise.

L’équipe militaro-politique de M. Kim Jong-un est dans son rôle de donner la coloration de l’absolu à son assignation territoriale et réunificatrice établie sous l’égide de l’ONU.

Elle se donne « les moyens » de compenser le différentiel de puissance civile avec l’équipe militaro-politique de Corée du Sud.

Le calcul n’est pas absurde pour deux raisons :
1- Chacun sait que même si la Corée du nord était « détruite », son territoire ne pourrait que devenir un no-mans-land.
a- En effet, jamais la Chine et la Russie n’accepteront de partager une frontière avec l’équipe de la Corée du Sud, autrement dit les Etats-Unis.
b- Ce cas de figure reproduirait de toute façon la figure précédente puisque la Chine et la Russie devraient reprendre la fonction du gouvernement de la Corée du Nord.

2- La guerre nucléaire ne peut pas être locale.
Le 8 juillet 2017, le général Vincent Desportes, ancien directeur de l'École de guerre, remarquait que « Nous avons oublié la théorie de l'hiver nucléaire qui fait qu'au-delà de quatre ou cinq bombes nucléaires la Terre arrête de vivre à cause des nuages de poussières et des radiations. »

Les journalistes occidentaux pensent que les évidences d’une destruction militaire devraient faire reculer le gouvernement Nord-coréen.
a- Ce n’est pas le cas et ce sera de moins en moins la pensée, même publique, des pays du Sud.
b- L’armement atomique de plusieurs pays du Sud va de pair avec la croissance de leur présence politique.

Que faire ?

La question n’est pas de courir après une « paix » qui réintroduirait dans la conversation à la fois les raisons de la guerre et l’exigence de la réunification.

Il faut sortir de l’armistice. Comment ?

1- Reconnaitre les deux parties de la Corée comme des interlocuteurs de plein droit et non des exécutants indisciplinés qu’on peut à la rigueur consulter en cachette.

2- Réunir toutes les parties dans une conférence qui peut être présidée par M. le Secrétaire général de l’ONU.

3- Les deux parties coréennes :
a- Reconnaissent qu’elles sont devenues deux nations souveraines distinctes.
b- Renoncent formellement à la réunification et à toutes dispositions visant à y parvenir.
c- Abandonnent toute entreprise belliciste de l’une envers l’autre.
d- Peuvent changer de nom.

4- Les parties alliées
Renoncent à toute entreprise visant à imposer leur hégémonie, civile ou militaire, sur le pays coréen souverain relié à l’autre réseau d’alliances.

5- L’atome
Les deux pays ainsi créés se conforment au Traité de non-prolifération nucléaire dont elles sont ou ont été signataires.

Cette mise en conformité avec le droit international est possible car aucune des deux parties ne pourrait plus envisager légalement d’assujettir l’autre ; de le faire au nom du droit.

6- L’annonce
Le Secrétaire général de l’Onu s’adresse directement aux deux populations pour leur annoncer et leur expliquer le contenu de l’accord.

Les démonstrations de force sans doute légitimes et utiles des uns et des autres serviraient à construire deux pays et à conforter la paix, au lieu de viser à « détruire » les « Etats-Unis » et la « Corée du Nord ».

La formule de M. Lavrov indique à cette occasion qu’une place est à prendre : « Le premier pas doit être fait par celui qui est le plus fort et le plus intelligent».

Dans son intervention du 8 juillet, le Général Desportes disait aussi :
1- « Les Français n'ont pas suffisamment conscience qu'un échange de tirs thermonucléaires serait extrêmement grave pour notre pays...Cette crise concerne très directement les Français. »
2- « Mais pour pouvoir faire entendre sa voix, il faut pouvoir agir. Il est clair que ni l'Europe, ni la France, n'ont les moyens d'agir. Le soft power ne fonctionne que si vous avez du hard power.
3- « Le seul pays qui puisse faire quelque chose de manière sérieuse, en dehors des États-Unis, c'est la Chine. »

Est-ce trop demander aux européens de remarquer que précisément :

1- Le Président chinois, M. Xi, a téléphoné à Mme Merkel, Chancelière d’Allemagne, et M. Macron, Président français, pour leur demander d’intervenir.

2- La Chine a indiqué à la France un lieu de recoupement du « soft power » et du « hard power », à savoir le Conseil de sécurité : «La Chine espère que la France, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, jouera un rôle constructif pour apaiser la situation et relancer le dialogue (dans le dossier nord-coréen)».

Il serait bienvenu que les européens répondent à la question posée.


Marc SALOMONE




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