dimanche, septembre 03, 2017

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Paris le dimanche 3 septembre 2017

En copie :
Ambassades de Chine, corée du Sud, Corée du Nord, Etats-Unis, Europe, japon, Russie.
Président de la République française


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Réflexion sur la crise coréenne

L’indigence des propos des hommes d’Etat conduit les quidams à participer à la réflexion publique sur les raisons de la répétition des crises coréennes.

Au lieu de rechercher le Bon et le Méchant, il vaut mieux se demander ce qui anime les politiques des deux Corées et finalement constitue leur raison d’être.

Avant d’être des régimes sociaux-économiques différents, les deux Corées sont d’abord des zones dont la première fonction est l’exclusion de la puissance militaire du camp d’en face, et la préservation d’un monopole politique dans son propre camp.

Ce ne sont pas les populations qui définissent ces deux entités étatiques. Ce sont les appareils militaro-politiques qui ont été produits par les déchirements de la 2ème guerre mondiale.

La frontière du 38ème parallèle n’est pas une séparation de deux souverainetés mais la vraie référence constitutionnelle de ces deux régimes politiques.

Cette séparation définie strictement la ligne politique de ces deux régimes militaires. C’est la quête de la réunification. La séparation justifie, légalise, fonde, la thèse de la réunification.

Les deux camps considèrent que cette paix dans la séparation est transitoire et que le but de la politique de chacune des deux parties est d’unifier les deux parties et de reconstituer un seul pays.

Autrement dit, la reconquête unificatrice est la norme politique et diplomatique pour les deux parties.

Aujourd’hui, la nouveauté est que l’un des deux camps ne peut plus soutenir la compétition civile vis-à-vis de l’autre et que la reconquête unificatrice n’est plus pour lui qu’une rhétorique.

La Corée du Nord a raté un tournant et ni la Fédération de Russie ni la République populaire de Chine n’envisagent de participer à une quelconque réunification des deux Corées et à fortiori de soutenir la Corée du Nord dans une telle chimère.

Ces deux puissances soutiennent la Corée du Nord d’abord parcequ’elle est l’accès territoriale à leur propre territoire. Ces deux pays ne peuvent pas accepter de voir les Etats-Unis s’installer à leurs frontières.

Si la Corée du Nord ne peut plus assurer cette continuité dans l’ambition unificatrice, elle ne sort pas pour autant de l’exigence unitaire.

Elle la retrouve dans l’autre partie, l’alliance de la Corée du Sud et des Etats-Unis.

Elle s’adapte à son infériorité face à la Corée du Sud et exprime l’idéologie réunificatrice en défense intransigeante d’un pays assiégé.

La Corée du Sud a renforcé ses positions et conservé intactes ses velléités unificatrices.

Les numéros d’hésitations ne sont là que pour masquer le but premier de la politique Sud-coréenne soutenue par les Etats-Unis, ou l’inverse, qui est d’intégrer la Corée du Nord à son périmètre de puissance.

L’armement de la Corée du Nord ne vient donc pas troubler la douce quiétude d’une coexistence pacifique.

Il est une réponse à une double question :
a- L’incapacité de la Corée du Nord de subjuguer la Corée du Sud et de développer une politique déclarée de reconquête unificatrice.
b- L’inscription de la Corée du Sud dans la continuité de la politique de reconquête unificatrice.

Par cet armement, la Corée du Nord reproduit l’idéologie de la reconquête en la transformant en une politique d’opposition à toute absorption ou assujettissement par la Corée du Sud.

La Corée du Nord maintient ainsi le débat sur le terrain militaire et se donne les moyens de s’opposer à toutes les formes d’emprises de la part de la Corée du Sud et des Etats-Unis.

Le Camp qui ne peut plus gagner cette course à la réunification reste dans la compétition en interdisant à l’autre de le faire.

La répétition des antagonismes autant que la constitution des moyens de les soutenir sont produites par le déni du non-sens de la politique de réunification.

Tant que cette question n’est pas abordée publiquement, la reconquête réunificatrice reste la fonction première de chacun des deux camps et produit en permanence des politiques aventurières.

Le seul moyen de sortir de ces combats de coqs nucléaires est de prendre acte de l’inanité de la politique de réunification.

La poudrière de la Corée ne pourra être pacifiée qu’aux conditions premières qui suivent :
1- Par Traité, les deux Corées renoncent à toute politique de réunification, d’hégémonie de l’une sur l’autre, d’empiètement étatique de la souveraineté de l’une sur l’autre, d’assujettissement de l’une à des ensembles politiques ou militaires voulus par l’autre.
2- Les Etats-Unis et le Japon s’engagent par un Traité avec les Etats concernés à ne jamais franchir le 38ème parallèle, envahir la Corée du Nord, y installer des troupes, l’inclure dans un réseau militaire qui leur soit favorable, soit directement, soit par des intermédiaires.
3- La Fédération de Russie et la République Populaire de Chine s’engagent par un Traité avec les Etats concernés à ne jamais franchir le 38ème parallèle, envahir la Corée du Sud, y installer des troupes, l’inclure dans un réseau militaire qui leur soit favorable, soit directement, soit par des intermédiaires.

Ces discussions pourraient se réunir à Paris où un lieu a déjà présidé à cette fonction lors de la Guerre du Vietnam.

Si personne ne veut renoncer à rien, l’arsenal militaire et nucléaire continuera de s’accumuler et finira par exploser ; par hasard mais nécessairement.

Toute la question est de savoir si, une fois de plus, les Etats concernés n’ont pas intérêts à entretenir une poudrière qu’ils sont convaincus de contrôler ; comme à Sarajevo en 1914.


Marc SALOMONE




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