vendredi, novembre 04, 2016

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Paris, le vendredi 4 novembre 2016 / N. réf. : Lettres du 11.09 et 07.10


Copie à :
Président de la République
Premier Ministre
Président de l’assemblée nationale
Présidents des groupes parlementaires de gauche
Groupes communistes
Dominique Simonnot, journaliste


Pour : Pierre LAURENT, sénateur



M. le Sénateur

Le Canard Enchainé du mercredi 2 novembre 2016, p.2, sous le titre « La valse hésitation des camarades », consacre une brève au « dilemme » du Parti communiste, en particulier de son premier dirigeant.

Vous hésiteriez entre :
a- le « soutien au Président du Parti de Gauche, comme en 2012 »,
b- « la bonne vieille alliance avec les socialistes, indispensable pour préserver le groupe parlementaire ».

Le journal continue : « Quant à Laurent, lui aussi a fait ses comptes. Et déjà le bruit court qu’il cherche à se rapprocher de Benoit Hamon et d’Arnaud Montebourg. Sans accord électoral avec le PS, il n’aurait plus, au mieux, que deux députés ».

Vous vous mettez donc vous-même publiquement dans la position de quémandeur de places. C’est rarement une position de force.

Il en est ainsi car vous ne parvenez pas à vous dissocier du verbiage dans lequel vous vous êtes enfermé tout seul.

Cette confusion vous subordonne aux belles phrases de M. Mélenchon et vous sort des débats de gouvernement.
a- Ce qui vous tient lieu d’analyse est d’agonir d’injures le Président de la République et le Premier Ministre.
b- Ce qui vous tient lieu de programme est de vaincre le Président de la République en le faisant battre à la primaire socialiste ; ainsi que le Premier Ministre s’il y a lieu.

Il devrait tout de même vous étonner que ce type d’analyse et de programme sont ceux d’absolument tout le spectre politique. C’est le fond musical de la campagne de MM. Juppé, Mélenchon, Mamère, Mmes Berger, Lienemann, etc.

Ce rejet du Président Hollande qui est déclaré disqualifié par principe ainsi que du Premier Ministre Valls réputé « trop clivant » est le mantra qu’avec une servilité remarquable la « gauche radicale », la « gauche de la gauche », la « gauche frondeuse », la gauche « macronienne », etc. répètent en boucle.

a- Vos approches secrètes de MM Hamon et Montebourg, sont pour vaincre le Président Hollande et le Premier Ministre Valls s’il s’y substituait.
b- C’est également d’abord pour vaincre le Président Hollande que vous appelez au rassemblement de toutes les forces de gauche.

Seule la défaite de MM. Hollande et Valls pourrait permettre à la vraie gauche d’accéder au Saint Graal. Comme c’est la règle, seul compte en fait le parcours initiatique et purificateur.

D’où a-t-il pu vous venir l’idée qu’il était d’un quelconque intérêt public de vous « rapprocher de Benoit Hamon et d’Arnaud Montebourg » ?

Eux-mêmes ne sortiront jamais de la représentativité du PS. Ils ne peuvent que vous enfoncez dans l’effacement par une clandestinité construite par vous-même.

Pour mémoire, je rappelle que :
a- M. Hamon n’a absolument aucune chance de passer le premier tour de l’élection si par imbécilité militante il était élu par la primaire socialiste.
b- M. Montebourg est si évidemment de la « gauche radicale » ou « frondeuse », qu’il a mis la vente des HLM à leurs locataires en tête de ses propositions.
C'est-à-dire la privatisation des HLM. Autrement dit, la liquidation du mouvement HLM.
Il faudrait peut être y regarder à deux fois avant de dire qu’il est « à gauche » et M. Valls « à droite ».

Vous devriez réfléchir posément à ce qu’est cette élection présidentielle.

Ce n’est pas un concours de plage. Il n’y aura qu’un vainqueur, un élu. Il disposera d’une majorité. Il appliquera réellement sa politique.
a- Si c’est M. Juppé, il détruira les acquis de 1945 et personne ne pourra revenir dessus, ne serait-ce que parceque ce sera couvert par l’UE et le TAFTA.
b- Il n’y aura pas d’alternance, de revanche, de tournant, etc. en 2022.
c- Si c’est la gauche, toutes les formes d’organisations du mouvement populaire peuvent perdurer et agir. Les acquis sociaux de 1945 pourront être défendus.
c- N’y a-t-il pas un seul d’entre vous qui soit capable de le comprendre ? Le remboursement des médicaments, ça vous parle ?

L’élection présidentielle est pour le sortant un apport de légitimité et pour l’entrant une acquisition de légitimité. Tout se passe à ce niveau là.

Vous ne trouverez pas le Pouvoir dans la confusion des tractations partisanes des seconds tours d’élections locales.

La Gauche est au Pouvoir depuis 2012. Donc, la conquête de la légitimité en 2017 commence :
1- A l’Elysée, pour le Chef de l’Etat, à Matignon, pour le Chef du gouvernement.
2- Au PS, pour la discussion entre les partis.
a- Ceux-ci ne sont pas des associations nocturnes. Ce sont des organismes constitutionnels, dont le rôle est défini par l’art. 4 de la Constitution.
b- Pour reprendre la boutade de M. Kissinger, le PS a « un numéro de téléphone ». C’est celui de M. Cambadélis.
3- Ensuite seulement viennent les candidats à la Primaire du PS. MM Hamon et Montebourg en font en effet partis. Mais aussi M. Filoche, Mme Berger, etc.

Dans ce parcours de la légitimité telle qu’elle se présente à Gauche, vous pouvez définir la visée de la mobilisation électorale.

Quelle est cette visée ? Elle ne peut avoir qu’une formulation : Vaincre la droite. Tout le reste est une tromperie pour justifier de laisser passer la droite. Vous le savez fort bien.

La seule et unique visée technique de la gauche pour l’élection présidentielle est de vaincre la droite.

Cette victoire élimine d’elle-même deux visées :
a- Vaincre Hollande.
b- Faire un bon score.

La victoire exige de faire un score de 51% au second tour de l’élection présidentielle. Ce qui implique donc d’y être présent.

Pour cela, il faut que toute la gauche soit rassemblée sur un nom.

Ce rassemblement impose tout d’abord une explication avec M. Mélenchon.

a- Il se vente partout de ne pas participer à la Primaire socialiste parcequ’il n’en accepterait pas les conclusions si M. Hollande ou M. Valls en est le vainqueur.
b- Il dit être assuré de faire un bon score. Ceci est précisément exclusif de la Victoire.

En se posant en candidat intangible, M. Mélenchon signe l’arrêt de mort de toute candidature de gauche et assure la victoire de la droite. Est-ce tout à fait par hasard ?
Vous devez dire publiquement que vous n’accordez pas votre participation à son entreprise destructrice et réactionnaire et que vous refusez la signature des élus communistes pour sa candidature.

Ses électeurs sondagiers n’attendent que ça. Ils sont heureux d’entendre quelqu’un tenir le discours qui leur convient mais ils ne veulent pas de ce chantage absurde et sectaire dont ils comprennent bien qu’il assure la victoire de la droite.

Vous devez dire sans équivoque qu’aucun candidat qui a le soutien des élus de toute la gauche ne doit s’opposer à l’unification présidentielle de l’ensemble de la gauche « radicale », de la gauche « de gouvernement » et du centre « gauche ».

A partir du moment où vous faites le parcours de la légitimité, tel qu’il se présente à gauche, vous devenez un acteur majeur, actif, du façonnement de la gauche présidentielle face à la droite présidentielle.

Vous ne serez pas un Candidat, mais vous serez un homme d’Etat. Ce qu’il est convenu d’appeler un interlocuteur.

Vous devez dire publiquement que :
1- Les classes populaires et le pays ont besoin d’un groupe communiste à l’Assemblée nationale et au Sénat.
2- C’est avec les électeurs du Parti socialiste, des radicaux de gauche, du Front de Gauche, que s’organise l’unité électorale de la gauche.
C’est comme ça depuis 1934. Vous devriez le savoir.
3- Vous engagez donc des discussions avec le PS et les RG pour une unité politique afin de battre la droite et nullement pour « faire un bon score ».

Rien n’est simple :
a- Un peu partout en Ile de France, la Gauche radicale s’est alliée au PS, aux écologistes, aux LR, aux UDI et Modem, au FN, aux islamistes, pour chasser la municipalité communiste locale et se partager ensuite le gâteau à couteaux tirés.
b- C’était déjà le cas en 1934.
c- Où en serions-nous si Maurice Thorez s’en était laissé compter par les trotskystes, anarchistes, et autres radicaux radicalement radicaux, du moment ?
c- Il aurait refusé de proposer une alliance à M. Daladier auprès duquel M. Macron passerait pour un partisan de Franz Fanon.
d- Il n’y aurait pas eu de Front populaire, ni de Libération.

Vous avez très peu de temps pour imposer le retour des classes populaires dans le débat politique.

Cela passe par :
a- l’unité,
b- les rencontres de parti à parti,
c- les discussions avec le Président de la République et le Premier Ministre.

Tout ce qui détourne du rassemblement pour vaincre la Droite est une subordination à celle-ci.

Comment peut-on refuser l’unité de toute la gauche parcequ’une partie d’entre elle ne satisfait pas aux exigences programmatiques de l’autre, alors que l’incapacité à réaliser cette unité revient à installer, c'est-à-dire à soutenir, le programme de la Droite ?

La seule radicalité que vous produirez par la division est celle de la haine populaire à l’égard de tous ceux qui auront permis l’arrivée au pouvoir d’une droite reaganienne.

Lorsque les ouvriers ou les employés sortiront de la pharmacie sans leurs médicaments parcequ’ils n’auront pas pu les payer, je ne vous conseille pas d’être là.

Prenez donc le chemin de la victoire qui est celui du Pouvoir. Il passe par la discussion avec les personnes qui occupent des places définies par la Constitution ; le Pouvoir exécutif, le Pouvoir législatif, les partis.

Grâce à l’histoire de votre parti, vous avez une place décisive pour :
1- Ramener dans les poubelles de l’histoire le coup de force réactionnaire que nous voyons se mettre en place,
2- Réaliser l’unité et la victoire de la gauche présidentielle.

Votre honnêteté et votre courage politique sont une condition majeure de l’unité de la gauche et de la victoire de la démocratie face à sa déconstruction.

Les lendemains politiques seront de toute façon plus faciles pour vous si c’est la gauche qui dirige plutôt que la droite.

Le peuple ne vous demande rien d’autre que de faire votre métier. Il s’occupe lui-même de faire sa vie.

En vous remerciant pour votre attention et en restant à votre disposition,

Je vous prie d’agréer, M. le Sénateur, l’expression de mes salutations distinguées,


Marc SALOMONE

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