mercredi, mai 18, 2016

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Paris, le mercredi 18 mai 2016

En copie :
Président de la République
Premier Ministre
Président du Sénat
Président de l’Assemblée nationale
Présidents des groupes du Parlement
Président de la Cour de Cassation
Bâtonnier de Paris
M° Joxe
Simonnot, journaliste

Objet :
Réflexion citoyenne sur la question législative ou référendaire d’une limite d’âge pour concourir aux différentes charges afférentes à l’organisation, la gestion, la direction, des Pouvoirs publics.

1)- Présentation
Quatre hommes arrivent en même temps et respectivement à l’âge de 70-71-71-72 ans. Tous les quatre sont de la même génération. Ils sont nés pendant le Gouvernement du Général de Gaulle, durant la période dite « La Libération ».

Il s’agit de :
Jean-Louis Debré, né en 1944, 72 ans.
Laurent Fabius, né en 1946, 70 ans.
Jean Paul Huchon, né en 1946, 70 ans
Alain Juppé, né en 1945, 71 ans.

Trois d’entre eux arrivent à la fin de leur contrat de travail. Le quatrième peut finir son mandat de Maire d’ici 2020.

Ils ont les revenus, le prestige, les relations, les capacités, la santé, qu’il faut pour créer une retraite heureuse, active, utile.

Que font-ils, alors que tous arrivent en fin de mandat et d’activité ? Ils rempilent et exigent l’octroi de charges éminentes et dirigeantes de l’Etat.

2)- En 2016 :
1- M. Jean-Louis Debré, 72 ans, quitte la Présidence du Conseil Constitutionnel le 5 mars 2016.
Le 5 mars 2016, il devient Président du Conseil supérieur des Archives.

2- M. Laurent Fabius, 70 ans, quitte le Ministère des Affaires étrangères le11 février 2016.
Le 8 mars 2016, il devient Président du Conseil Constitutionnel.

3- M. Huchon, 70 ans, quitte la Présidence du Conseil régional d’Ile de France, le 13 décembre 2015.
a- En janvier 2016, il est nommé « chargé de mission d’une mission de conseil pour relancer l’attractivité touristique de la France », jusqu’en juillet 2016.
b- Il lui est proposé la Présidence d’une Autorité publique, l’Arafer.
c- Il y a conflit d’intérêt.
d- Il conserve sa « mission ».

4- M. Alain Juppé, 71 ans, Maire de bordeaux depuis 1995, réélu en 2014, jusqu’en 2020, se déclare candidat au mandat de Président de la République, de 2017 à 2022.

3)- Le principe féodal
Il est intéressant d’examiner les raisons qui les portent à revendiquer ces postes.
Ils ont exigé ces postes, ou ils y concourent, en raison d’une certaine conception de l’Etat. Elle est féodale.

Ces postes sont conçus par eux comme des apanages féodaux que le souverain distribue à ses grands Seigneurs.

La catégorie féodale de « naissance » est remplacée par certains parcours scolaires et universitaires (MM Fabius, Huchon et Juppé), et familiaux (M. Debré).

Le principe du privilège n’est pas conservé, il est restauré.

4)- Les raisons d’une exigence commune
a- La simultanéité de cette exigence de rempiler dans des fonctions d’Etat vient du hasard des dates de naissance.
b- Par contre, l’exigence elle-même vient de leur statut public ou du moins ce qu’ils croient être tel.

Ce statut public est conditionné par la spécificité de leurs parcours scolaires et pour l’un d’entre eux également par son appartenance filiale aux groupes dirigeants de l’Etat.

5)- Le statut public

1- Debré :
Famille :
Arrière petit-fils du grand rabbin Simon Debré
Petit-fils du pédiatre Robert Debré
Fils de Michel Debré, Premier ministre, Rédacteur de la Constitution de la Vème République ;
Frère jumeau de Bernard Debré, professeur de médecine et député.

Diplômes :
Licencié en droit,
Diplôme d’études supérieures de droit public
Diplôme d’études supérieures de sciences politiques
Docteur en droit public avec une thèse consacrée aux « Idées constitutionnelles du général de Gaulle »3,
Institut d'études politiques de Paris, non diplômé.

2- Fabius :
Famille : antiquaires


Diplômes :
Lycée Janson-de-Sailly
Hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand,
École normale supérieure ;
Cacique à l'agrégation de lettres modernes
Institut d’études politiques de Paris.
Lors de ses études à Sciences Po : Conférence Olivaint
La Conférence Olivaint occupe une place singulière dans le paysage des conférences d’étudiants en France en raison de sa longévité, de ses origines jésuites et, surtout, de la vocation qu’elle affiche depuis sa fondation jusqu’à nos jours : former une élite à la vie publique. (Ex. : Jacques Attali)
Élève de l’École nationale d’administration

3- Huchon
Diplômes
Lycée Rodin à Paris ;

4- Juppé :
Famille : magistrats et propriétaires agricoles

Diplômes :
Classe préparatoire littéraire au lycée Louis-le-Grand à Paris
École normale supérieure
Agrégation de lettres classiques ;
Institut d'études politiques de Paris
École nationale d'administration d

6)- L’inanité de ces exigences
Nous allons voir que ces exigences de postes :
a- Sont satisfaites
b- Sont sans fondement
c- Sont des distributions d’apanages féodaux

1- Jean louis Debré
M. Debré n’a que faire des Archives.
Wikipédia nous dit :
« Le Conseil supérieur des archives est un organisme consultatif français créé par arrêté en 1988 et dont le rôle et la composition ont été précisés par la loi sur les archives du 15 juillet 2008.
Le conseil est créé par un arrêté du 21 janvier 1988.
Il est présidé par Jean-Louis Debré depuis le 5 mars 2016.
Il comprend diverses commissions thématiques, plus ou moins actives.
Contrairement à ce que prévoit son arrêté de création (au moins une séance par an), il n'est pas réuni en 2014 ni en 2015. »

a- La presse nous a informés que depuis 2008, plusieurs tonnes d’archives nationales ont été détruites au prétexte de leur déménagement.
b- Si cet organisme ne sert vraiment à rien, il faut le supprimer. Sa continuation est un détournement de fonds publics.
d- Chacun peut comprendre que les Archives vont acquérir une importance cruciale dans les décennies à venir en même temps qu’une complexité considérable.

Ce poste, loin d’être une planque de retraité, un apanage féodal à distribuer, est un poste de cadre dynamique.

Il y va des capacités de la France à maitriser les défis du 21ème siècle ou à être asservie.

M. Debré spolie un cadre actif de l’exercice d’une charge indispensable au bien public.

Il appartient à une famille dirigeante de l’Etat et de l’université. En compensation de la « perte » d’une « Présidence », il s’estime en droit de recevoir une sucrerie prestigieuse, le temps qu’il se sente en condition morale de passer la main ; c'est-à-dire complètement gâteux.

La bonne Administration publique, « l’utilité commune » de la Déclaration de 1789, peuvent attendre.

2- Laurent Fabius
M. Fabius n’a jamais été un spécialiste, même politique, des questions de droit constitutionnel.
Il est vrai qu’il en allait de même de Bonaparte. Il y a peut être là une référence.

Indépendamment des discussions sur l’utilité de cette institution concurrente de l’Autorité judiciaire ; M. Fabius, ne pourrait pas rivaliser avec d’autres concurrents ayant les « capacités » d’exercer ces fonctions.

M. Fabius estime que son rang de classement à l’ENA, Normal sup, Sciences Po, son appartenance au réseau parallèle dit « Conférence Olivaint », lui réservent les plus hautes fonctions.
C’est un dû.
Après avoir été Premier Ministre, il comptait devenir Président de la République.
L’affaire dite du Sang contaminé qui l’a amené devant la Cour de justice de la République a brisé cette ambition.
Il est redevenu Ministre.
Mais il lui semble aller de soi qu’on lui doit un apanage à la hauteur de son importance seigneuriale.
S’il n’a pas été Chef de l’Etat, ce n’est pas de sa faute mais de celle des français. On lui doit une compensation. Il doit finir son parcours à un sommet quelconque, n’importe lequel pourvu qu’il soit parmi les plus élevés.
La Présidence du Conseil constitutionnelle se libère ; elle lui revient.

3- Paul Huchon
M. Huchon fini son mandat de Président du Conseil régional d’Ile-de-France, en décembre 2015.
Dès janvier 2016, il se voit attribuer une «  mission de conseil pour relancer l'attractivité touristique de la France ».
Cette mission, pour laquelle il est rémunéré, l'amène à beaucoup voyager et se termine justement en juillet. Il aura alors 70 ans.
Il lui est proposé le poste de Président de « l'Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières » (Arafer).
Il n’y est pas nommé pour cause de conflit d’intérêt.
Membre du conseil de surveillance de la SNCF jusqu'à très récemment et ex-président du Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif), Jean-Paul Huchon aurait pu difficilement prendre des décisions les concernant sans provoquer un « conflit d'intérêts sous-jacent ». 
M. Huchon a exprimé son mépris pour la fonction qui lui était proposé et qu’il acceptait pour son prestige et ses revenus :
- . « C'est un poste un peu technique, mégote-t-il. Mais pas nul : je serai un peu le CSA (NDLR : Conseil supérieur de l'audiovisuel) du rail. »
Sa vanité écœurante n’a pas été pour rien dans la perte de ce poste.
g- En revanche, Jean-Paul Huchon conserve sa mission sur le tourisme, que Matignon lui a confiée fin janvier, sur le thème de « la relance de la destination France », après les attentats de 2015.
Il est simplement un inconscient heureux.

Il a fait l’ENA, la France lui doit donc une sucrerie, qui, même si « c'est un poste un peu technique », n’est cependant « pas nul ».

a- Dans la bouche d’un diplômé des grandes Ecoles, y compris d’ingénieurs, la « technique » est la matière, et la matière c’est de la merde. C’est en bas et subordonné.

b- Seul l’esprit, le commandement stratège, la décision prise « sur un coin de table » est à la hauteur de « l’excellence » de ces « élites ».

En résumé : ne dites pas à ma mère que je suis un polytechnicien de fabrication, et donc subordonné, elle me croit un polytechnicien commercial, donc un prochain directeur.

c- Ce mépris culturel pour la « technique », la matière, les « manuels », les inventeurs, etc. de la part des cadres dirigeants est une des raisons essentielles du décrochage mondial de la France.

4- Alain Juppé
a- M. Juppé fonde toute sa campagne préparatoire sur le silence du Vieil homme de la Montagne.
b- Or, son programme est commun à celui de tous les candidats de la droite. Il porte uniquement sur la diminution de la partie salariale de la richesse publique.

Cf. : l’express, le 10.05.16.
A- Il s’agit bien du « programme économique » et non de la partie salariale de celui-ci :
a- «Le favori dans la course présidentielle et à la primaire de la droite révèle ce mardi ses propositions économiques. 85 milliards d'euros d'économies, notamment au profit des entreprises…. Ce qui, selon lui, permettrait de "rétablir l'équilibre structurel et de financer 28 milliards de baisses d'impôts ». 
b-  A la veille de la publication de son livre Cinq ans pour l'emploi, Alain Juppé a détaillé ce mardi ses principales propositions économiques pour la présidentielle de 2017….
c- Mais le candidat assure ne pas promettre du "sang, de la sueur et des larmes" pour autant….Je vois que certains de mes concurrents n'hésitent pas à aller très loin dans cette direction, mais les Français n'attendent pas cela", précise-t-il, en allusion à François Fillon et Nicolas Sarkozy. "Annoncer le sang, la sueur et les larmes n'est pas nécessaire".

B- Les mesures clés du redressement économique :
1- Baisser les charges
2- Augmenter la TVA
3- Supprimer l’ISF
4- Des CDI d'un nouveau genre
5- Supprimer les 35 heures
6- Augmenter l'âge de la retraite à 65 ans
7- Rétablir la dégressivité des allocations-chômage

C- La communauté de pensée de tous les candidats du Parti Les Républicains (LR)
M. Juppé le dit lui-même, il ne se distingue de ses concurrents à la primaire LR que par le niveau des « économies », c'est-à-dire des capacités budgétaires des Pouvoirs publics.

Lui est pour « 85 milliards », les autres sont pour 100 milliards, voire plus. En fait, une fois lancée la machine, ils ne contrôleront plus rien.

D- L’identité des programmes
Je veux ici mettre en avant l’exacte similitude des programmes des candidats à la Primaire LR.
1- La structure de la liste des mesures est la même : abaisser la part du salaire et augmenter la part du capital dans le profit des entreprises.
C’est l’armature exclusive de tous les programmes des candidats à la Primaire.
2- La composition de la liste des mesures est la même : elle vise à assécher, plus ou moins progressivement les réseaux de cotisations, ou charges, sociales.
E- La singularité de M. Juppé.
Si je fais ce détour par le « programme » de M. Juppé, ce n’est pas pour prendre parti sur celui-ci. D’ailleurs, mon avis n’a ici aucune importance.

1- L’absence de singularité
Je veux montrer que M. Juppé n’apporte rien de singulier au débat de la droite.

Lui prétend être moins brutal que les autres, ne pas vouloir « le sang et les larmes ». On peut lui rétorquer que les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Les effets de seuils se chargeront d’aligner les conséquences des différentes moutures d’une politique exclusivement fondée sur de le retrait de la participation du capital à la sécurité sociale des salariés.

Il s’en suit mécaniquement qu’il n’apporte rien de particulier à cette élection et que la future équipe gouvernementale de son camp peut réaliser un programme identique à celui de M. Juppé ; sans lui.

2- La présence d’une singularité
La seule proposition originale de M. Juppé, celle qui n’appartient qu’à lui, est d’annoncer qu’il renonce par avance à se présenter pour un deuxième mandat.

Il fait cette annonce pour évacuer en l’anticipant la question de ses capacités physiques et psychiques à exercer à la fois un deuxième mandat mais aussi le premier.

a- En garantissant qu’il ne demandera pas un deuxième mandat, il implore le public de lui laisser exécuter le premier.
b- Ceci est une absurdité. En effet, on prend le pouvoir pour l’exercer jusqu’au bout. La confrontation avec la durée est une des conditions du bon exercice du Pouvoir.
c- Ce que montre M. Juppé par cette manipulation personnelle des règles constitutionnelles est qu’en fait il veut d’abord et avant tout devenir au moins une fois « Président de la République », occuper enfin le poste qui lui revient.

Comme le chante Brel : « être une heure, une heure seulement, une heure, rien qu’une heure durant, beau, beau, beau et con à la fois ».

C’est la raison d’être de sa pseudo-modération « économique ».

Il doit être le gentil de l’équipe. Celui qui tarira les ressources de la Sécurité sociale, des Caisses d’assurance chômage, des Caisses de retraites, mais sans toucher aux remboursements, aux allocations, aux pensions.

Son succès sondagier vient de l’harmonie provisoire du malentendu entre :
a- Ceux qui lui savent gré de faire le « gentil » afin de se mettre en situation d’appliquer le programme commun aux concurrents de la Primaire
b- ceux qui pensent que lui au moins n’appliquera pas les idées du programme que chaque électeur trouve, in petto, inapplicable.

L’hystérie de la revanche sur la Libération et sur le Général De Gaulle éclaircira le débat.   

F- Un dû
M. Juppé veut une place à l’activité de laquelle il n’est pas indispensable. Il promet qu’il ne l’occupera que par inadvertance et qu’il en fera le moins possible tout en étant radical mais pas trop.

Pourquoi s’engage-t-il dans un combat dont il aurait pu se passer aux seuls fins de répondre à un appel que le Peuple n’a jamais formulé ?

L’arrivisme, la vanité, l’ambition, n’ont plus la même évidence passé 70 ans.

Ce qui meut M. Juppé est la certitude que la fonction présidentielle lui est due dans le parcours scolaire qui est le sien.

Par cette candidature, il ne prend pas une revanche sur les échecs passés, il prend ce qui lui revient.
Il n’est pas en compétition. Il est en querelle de préséance. Le seul débat qu’il ait avec ses concurrents est de leur faire savoir qu’ils doivent passer après, attendre leur tour, ou admettre qu’ils n’en sont pas.
Cet apanage lui revient comme une reconnaissance finale de son rang.
7)- Les symétries

1- La symétrie des parcours
M. Juppé est la réplique à droite de Fabius à gauche.

Tous deux estiment que leurs études universitaires, la démonstration adolescente de leur « excellence », leur réservent de droit les places les plus prestigieuses, soit du commandement, soit des honneurs.

a- M. Juppé a été Premier Ministre, jeune, comme M. Fabius.
b- tous deux, on conduit leur camp à la défaite électorale. De leur seul chef.
c- tous deux ont été incapables de faire face à une adversité politique relevant de l’intervention judiciaire.

2- La symétrie des capacités

A- M. Fabius
a- M. Fabius n’a pas été capable de mener une politique économique qui soit autre chose que le contraire des engagements de candidature du Président Mitterrand. Il n’a pas changé une politique, il l’a sabordée.
Les élections ont été perdues.

b- M. Fabius n’a pas été capable de contrôler l’affaire du sang contaminé. Il a laissé les médecins et les entrepreneurs substituer leurs délires corporatifs à l’absence de décisions des hommes d’Etat.

Cette faute fut mortelle pour de nombreuses personnes. Elle l’a conduit devant la Cour de justice de la République.
- Celle-ci a pu conclure qu’il était innocent judiciairement.
- M. Fabius a bien compris que ce jugement rendu entre pairs n’a pas convaincu le Peuple français qu’il était indispensable politiquement ; autrement dit capable de gouverner.

B- M. Juppé
a- M. Juppé a été incapable de faire face aux exigences politiques de ses réformes. Il a provoqué l’ire populaire, bien ou mal informée peu importe, contre lui.
Les élections ont été perdues.
d- il a été incapable de maitriser des dispositifs municipaux parisiens ayant une portée judiciaire qu’il ne pouvait ignorer de part sa formation.
Il a été condamné et balayé de la compétition présidentielle.  
c- Lors de l’affaire de Lybie, M. Juppé, Ministre des affaires étrangères, s’est fait évincer de l’action par deux aventuriers auxquels il n’a pas sur dire non ; une fois de plus.

C- Les deux cas
a- Dans les deux cas, ces hommes d’Etat ne doivent l’échec spécifique de leurs ambitions présidentielles, certes légitimes, qu’à leurs seules incapacités personnelles.
b- En politique ils n’ont pas su mener leur politique sans provoquer le rejet ou le blocage institutionnel.
b- Moralement, ils n’ont pas su dire non :
- soit à leur supérieur du moment (exemple : la timidité de M. Juppé à l’égard de M. Chirac) ;
- soit aux aventuriers empiétant sur les prérogatives de l’Etat (exemple : M. B.H. Lévy) ;
- soit aux prétentions publiques des castes (exemple : L’affaire du Sang contaminé.)

Pour parler cru : il n’y a pas de quoi se vanter.

Si M. Juppé n’est pas capable de tenir tête à un aventurier criminel comme M. B.H. Lévy. Que fera-t-il face aux dirigeants internationaux ?  

Au lieu d’en tirer des leçons de modestie. Ils estiment toujours qu’au vu de leurs titres universitaires, de leurs titres de fonctions exercées, ces postes leur sont dus.

a- M. Fabius, bloqué par son parti, se contente magnanime, de la Présidence du Conseil Constitutionnel.
b- M. Juppé, encouragé par les conflits au sein de son parti, repart à la quête de son héritage ; celui du « roi notre père » des frères et sœurs de Bonaparte.


8)- L’évidence du vide
La candidature de M. Huchon a fait un peu scandale pour des raisons de droit, de conflits d’intérêt, et surtout parcequ’il a été ordurier dans ses commentaires.

Cette arrogance l’a mis en situation de faire les frais d’une inquiétude qui pourrait virer à la colère.

Les trois autres candidatures ont été par contre admises comme une quasi-évidence.

Il irait de soi que le Président du Conseil constitutionnel ou le Ministre des Affaires étrangères trouvent une compensation à la fin légale de ces fonctions.

Les fonctions de l’Etat sont à ce point leurs propriétés que la fin légale d’exercice est considérée comme une « perte ». La France leur devrait un « point de chute ».

M. Juppé bénéficiant de la demande public d’un magicien gentil, qui casse tout sauf la porcelaine, devient quasiment intouchable. Peut-on se passer de l’hologramme de l’homme du 18 juin ?

Cette fumisterie a l’air de n’être qu’une astuce de communiquant. Elle repose en fait sur une évolution de l’idéologie constitutionnelle des cadres dirigeants français.

9)- La noblesse
La Haute administration s’est probablement toujours considérée comme au dessus du commun. C’est une bonne chose si cela la rappelle aux exigences de ses responsabilités.

Ce qui est nouveau est qu’elle ne reconnait plus l’existence d’un bien commun, de l’intérêt général, et qu’elle s’est formée en population indépendante du Peuple.




1- les deux populations
Les cadres dirigeants de l’Etat sont en France d’abord les diplômés des grandes écoles et des grades dirigeants officiels tels que l’agrégation ou le doctorat d’Etat.

Ce maillage de diplômes crée un réseau de populations qui se nomment désormais elles-mêmes « catégories socioprofessionnelles supérieures » (CSP+).

Elles se déclarent ainsi distinctes des catégories socioprofessionnelles inférieures (CSP-).

Les deux titres étant distribués par des CSP+.

Les CSP+ introduisent là, dans le vocabulaire universitaire, puis politique, une distinction entre les populations de cadres dirigeants et les classes populaires fondée sur une hiérarchisation discriminante des rapports sociaux.

Il y a les populations « supérieures » et les populations « inférieures ». Il n’y a plus à vrai dire de Peuple.

Le « peuple » a déjà été supprimé en Union Européenne.

Dans ce type de logique :
a- Ce ne sont pas les rapports sociologiques qui définissent des populations qui peuvent être complémentaires, antagoniques, collaboratrices, similaires, etc. mais égales.
b- C’est un rapport administratif hiérarchique, fondé sur l’évidence de la hiérarchie des diplômes, qui assignent :
ba- les uns au commandement et à l’intelligence, aux capacités,
bb- les autres à des capacités moindres qui proviennent d’une intelligence plus faible qui les destinent à l’obéissance.
c- C’est par ce type de rapport administratif qu’un détenu diplômé de Polytechnique doit accepter les leçons quotidiennes d’intelligence des gardiens de prison.
Car, c’est évidemment par imbécilité qu’un détenu ne comprend pas l’absurdité des décisions réglementaires d’un gardien.
Comme quoi ça arrive à des gens très bien.
Ce dispositif conditionne la formation d’un nouveau rapport entre les citoyens. 

2- La création de la noblesse
En 1991, la défaite de l’Union soviétique entraine une modification du rapport des CSP+ au reste de la population. Ils créent une division civile de principe au sein du Peuple.

Les CSP+ se réclament publiquement de la « noblesse ».

Jusque là, ils affirmaient que toute société doit avoir sa classe dirigeante ; la noblesse sous l’Ancien régime, la Bourgeoisie après la Révolution.

A partir de 1991, les CSP+ ne disent plus qu’ils prennent la succession de la « noblesse », mais qu’ils l’incarnent à nouveau.

Ils ne s’associent pas à la « noblesse » d’Ancien régime, comme les bourgeois de l’Empire. Ils prennent sa place.

Autrement dit, le Pouvoir ne procède plus de la Souveraineté du Peuple, mais de la filiation des réseaux de cadres : diplôme, administration, religion, victoire, capital, occupation, etc., ou de toute autre procédure administrative.

C’est du Pétainisme.

Dans le courant des années 90, il y aura des séances d’informations publiques pour dire que les bacs+5 sont une « noblesse ». Le Monde détaillera les différentes noblesses d’appartenance de chaque réseau de cadres d’Etat. Ainsi, les magistrats sont la noblesse de robe, les énarques sont la noblesse d’épée, etc.

En même temps, les classes populaires sont qualifiées de « gueuses », « populaces », par les journalistes diplômés de Sciences Po du journal Le Monde.

3- Une action factieuse
Il y a eu aussi une distribution de Titres nobiliaires.

Les bacs+5 universitaires, notamment les chercheurs du CNRS, ont ainsi décidé souverainement que les « Inspecteurs de police », par définition bacs+3 ou 4, étaient d’office « bacs+5 », et faisaient ainsi partie de la Noblesse.
Cf. C dans l’air

Ce faisant, ils ont capté à leur profit, même collectif, une fonction publique. Ils ont formé les « inspecteurs de police » en garde prétorienne des CSP+.

La subordination d’une fraction de la police à une population singulière est une activité factieuse.

4- L’idéologie de l’Occupation
À la manière du député de Paris Caresche qui se vante de « contourner la loi » probablement pour spolier les handicapés et violer la loi 1905 ; le recours à l’idéologie nobiliaire permet, de « contourner » la Souveraineté du Peuple, la République. Elle installe des populations dominantes qui sont causa sui, autrement dit « occupantes ».

Les théoriciens des CSP+ n’ignorent pas que les théoriciens de la réaction nobiliaire de 1787 ont justifié les privilèges de la noblesse par la distinction entre une population victorieuse, (Le haut clergé et la noblesse) et une population vaincue (le bas-clergé et le Tiers-état).

C’est en toute connaissance de cause que les tenants de l’idéologie nobiliaire reprennent ces canailleries à leur compte.

La dernière référence de population victorieuse est la population allemande sous l’uniforme ; de juin 1940 à août 1944.

C’est en fait cette population qui est la référence nobiliaire des universitaires.

5- Les diarrhées idéologiques

a- Le modèle russe
Les cadres russes ont repris la doctrine tsariste pour effacer l’administration politique soviétique. Il s’ensuit une adaptation de tous les mécanismes idéologiques et administratifs de la Russie.
Le rôle des religions dans l’administration publique, le recul de la scolarisation, en sont des exemples. Ils sont d’ailleurs soutenus par l’Académie française.

b- Le modèle français
De la même façon, le passage des cadres universitaires à une idéologie pseudo-nobiliaire, mais en fait réellement Occupante, conduit à un formatage de l’idéologie publique française à ce nouveau cadre.

La coexistence d’une « élite » vainqueur par son adaptation au monde et d’une « populace » vaincue par son incapacité à s’adapter à la mondialisation, les combinaisons politiques tribales exposées par M. Attali, doivent devenir le fond de sauce de la pensée publique française.

Le système idéologique dominant étant celui des classes dominantes, il est forcément une force matérielle dans la distribution des postes de l’Etat.

On ne peut pas ignorer cette idéologie factieuse qu’est la référence à la « noblesse » dans la nomination des cadres dirigeants.

10)- La « Vertu » et le « Talent »
Les critères d’accès à ces postes, charges, fonctions, ne relèvent plus pour les CSP+ des critères de capacités tels que définis par la Déclaration de 1789.

« Art. 1er. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.
« Art. 6. La Loi est l'expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse.
Tous les Citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents. » 

a- La « vertu » est la somme des capacités morales et politiques ;
b- Le talent est l’ensemble des qualités pratiques, diplômes ou qualifications professionnelles.

Il pourrait être opposé que ces deux notions masquent la question sociale de l’accession à ces postes.

Ici, cette objection n’est pas pertinente parceque ces articles imposent que l’égale admissibilité à toutes dignités, places et emplois publics assujettit tous les candidats « sans autre distinction » de « leurs vertus et de leurs talents » au moment de leurs désignation.

Il est vrai que la liste des personnes concourantes subit de multiples verrouillages :
a- La « vertu » et le « talent » imposent chacun un verrouillage de la concurrence entre les postulants.
b- Il y a un verrouillage social, puisque tout le monde ne peut pas être en condition de montrer l’étendu de son talent ou de sa vertu.
c- Il y a d’autres contingences telles que la nationalité, etc.

Il n’en restera pas moins que les postulants devront parvenir à ces postes par ces deux seuls critères, de la vertu et du talent.

C’est avec ce principe que rompt l’idéologie pseudo-nobiliaire, resucée des idéologies de népotisme, de corruption, d’Occupation.

Les postes sont désormais dus à certaines personnes de certaines castes. Ils s’inscrivent dans le parcours de ces personnes. Ce qui leur revient de droit n’est pas telle ou telle fonction, c’est le fait de disposer à chaque moment de l’une d’entre elles.

Chacune des personnes citées est la caricature de cette subversion de « l’utilité commune ». Ces gens considèrent qu’ils ont des postes à disposition aux différents moments de leurs carrières.

a- Personne ne peut demander si untel a le Talent pour ce poste, il en a l’usage personnel et ça suffit.
b- La vertu doit permettre aux différentes forces sociales d’intervenir dans la définition de la ligne politique des directions administratives multiples. Elle est réduite ici au simple contrôle d’appartenance de caste.
c- Le « Talent » est incontrôlé et la « vertu » est aveugle.
d- Les diplômes sans la vertu deviennent des codes parasitaires.

11)- La régression
Pour les cadres français, les CSP+ :
a- les postes qui leur sont attribués sont des apanages féodaux certifiant les titres de l’importance sociale de chacun ;
b- leurs parcours professionnels sont des réalisations de carrière mais aussi des démonstrations d’étrangeté démographique par rapport aux CSP-, des appropriations privées de postes publics.

Pour le commun, les Présidences du Conseil Supérieur des Archives, du Conseil Constitutionnel, de l’Arafer, de la République, sont des postes publics.

Pour les CSP+, il en va tout autrement. Ces postes de Direction n’existent que pour qualifier publiquement la magnificence, l’importance, l’excellence, de la personne titulaire du poste.

Plus la Direction est puissante, renommée, brillante, plus le personnage qui l’occupe est important.

La certification de l’importance du titulaire du poste, comme on le voit expressément pour MM Debré, Huchon, Fabius, est la seule raison de l’attribution et la seule fonction du titulaire ; ils s’admirent tous les jours.

M. Juppé n’a rien à ajouter aux dires de ses concurrents à la Primaire de droite. Il veut seulement que les français lui rendent les honneurs d’une fonction qui est déjà attribuée à sa caste.

Ces nominations et cette candidature sont une régression de deux siècles.

12)- Le révélateur
L’âge est le révélateur, du caractère féodal de la distribution des postes. Quand ce paramètre n’intervient pas, il est difficile de pointer du doigt cette tare française.

Dans l’ordinaire des choix, les titres universitaires font taire tout le monde. Le Fait du Prince apparait souvent comme un désordre face aux castes des Grandes écoles.

M. était ceci, il devient cela. Ces mutations passent pour les reconversions des grands serviteurs de l’Etat, les mercato des « meilleurs d’entre nous », les « jeux de chaises musicales » au sein de « l’élite ».

Seuls ceux qui sont capables de diriger Areva ou la BNP, ou les représentants du Peuple, pourraient prendre la parole, mais ils se taisent.

Louis Aragon disait « De temps en temps la terre tremble ».

Ainsi :
a- un professeur d’université, M. Cohen de Paris-Dauphine, nous informe qu’en 2000-2003, une trouée significative a été faite dans l’existence du potentiel économique français ;
b- un chercheur en mathématique nous apprend que l’école de mathématique française ne passera pas la prochaine génération ;
c- un journal révèle que les banques française ne sont plus dans les classements mondiaux ;
d- Au sujet de Thomson, les commentateurs économistes parlent de « trahison » ;
e- Areva ne peut expliquer que sous le contrôle de polytechniciens et d’ingénieurs de l’Ecole des Mines :
ea- la production de 400 pièces d’acier défectueuses pour les centrales nucléaires, dont 250 déjà montées.
eb- Les techniciens de soudures ont inscrit des soudures qu’ils ne savent même pas faire.
Etc.

Les citoyens ordinaires sont assujettis à un système dont ils ne peuvent saisir la logique.

13)- La mèche
L’âge joue un rôle déterminant pour « lever un lièvre ».

En effet, s’il est impossible aux citoyens, laissés seuls par les élus et les partis politiques, de porter une appréciation sur la nomination du PDG d’Edf ou de Thomson, ils peuvent sans peine percevoir que des personnes de plus de 70 ans qui prennent des responsabilités publiques pour plusieurs années prennent d’abord la place d’un autre.

J’ai appris la nomination prochaine de M. Huchon à la Présidence de l’Arafer par un quadragénaire, délégué syndical. Il m’entreprend dans la rue pour me dire, dans un style « trop c’est trop », que « cette fois-ci » il ne votera pas pour « eux ».

Le fait que M. Huchon ait été pressenti pour un poste « technique » comme il le dit avec condescendance a facilité la compréhension de l’escroquerie.

Concernant, les transports, les chemins de fer, la route, tout un chacun estime avoir son mot à dire :
a- On n’en confie pas la direction à un vieillard ou à un incompétent ;
b- Cet incident conduit à remarquer que ce type a tout ce qu’il faut pour vivre une retraite heureuse.
c- Avec la question subsidiaire : Au fait, combien gagne-t-il au titre de retraité ?

MM. Debré et Fabius ne sont pas mieux logés. Mais le public ne se sent pas concerné par ces postes.

M. Juppé est encore plus astucieux puisqu’il laisse croire aux français qu’il a la modestie de solliciter leur autorisation pour occuper un poste qui lui revient de naissance ou de diplôme.

Les électeurs, flattés qu’un homme aussi considérable leur adresse la parole, votent pour lui des deux mains. Ils se demandent même comment des petits jeunes excités, excessifs, inexpérimentés, peuvent avoir l’audace de penser comme le Maitre.

Il n’en reste pas moins que l’escroquerie Huchon a attiré l’attention du public sur la combine. Le Roi n’est pas encore nu mais il parait déjà bizarre.


14)- La singularité des septuagénaires

1- Personne ne se soucie :
a- qu’un homme de 63 ans soit nommé Président du Conseil constitutionnel ;
b- qu’un homme de 65 ans soit élu Président du Conseil régional d’Ile de France. Il y a bien quelques grincheux qui trouvent que ça devient répétitif mais tout se passe bien puisqu’au mandat suivant il est viré.
Comme M. Huchon a accaparé tous les pouvoirs sur sa personne et ses combines personnelles, asphyxié toutes les initiatives de ses partisans, son parti perd les élections.

2- Le problème arrive quand :
a- à 72 ans, le premier prétend rempiler pour plusieurs années, voire plusieurs mandats, à une Présidence du Conseil Supérieur des Archives pour l’exercice de laquelle il est manifestement incompétent.
b- à 70 ans, le second est propulsé à une direction dont il dit lui-même qu’elle est « technique » et dont chacun constate qu’il n’a aucune formation « technique » pour en connaitre.

A ce moment là s’installe l’idée que ces gens volent la place des « autres ». Lesquels ?

3- Le passage de l’activité à autre chose
Les septuagénaires ont cette qualité paradoxale de revendiquer des postes dirigeants au nom de leur expérience, de leur savoir, de leur sagesse, et de ne pouvoir invoquer aucune de ces qualités pour justifier leur présence à ces postes.

Les sexagénaires peuvent encore regarder de haut les petits-jeunes quadragénaires en leur signifiant qu’ils ont encore beaucoup à apprendre.

Ce n’est plus le cas des septuagénaires. Leurs suivants en savent justement autant qu’eux, sinon plus. C’est à eux de justifier leur présence.

15)- L’apport des septuagénaires
Les septuagénaires sont à l’âge où tout un chacun est à la retraite et eux rempilent. Pourquoi et qu’apportent-ils ?

Contrairement aux moins de 70 ans (nous discuterons cet âge ci-après), les septuagénaires ne bénéficient plus de la possibilité d’évoquer un vide dans le vivier des cadres disponibles.

Entre 50 et 70 ans, il existe les cadres capables :
a- d’occuper la totalité des postes ;
b- d’en assumer la dureté physique.

Donc les fonctions publiques occupées après cet âge le sont au détriment de la promotion de la tranche d’âge des 50-70ans.

Qu’apportent les septuagénaires :

1- Apportent-ils de l’expérience ?
A cet âge il n’y a aucune reconversion professionnelle.
On apporte une sagesse, une expérience de la vie. Mais elle n’est plus étayée par un perfectionnement professionnel.
Autrement dit : on apporte un abaissement des qualifications du dirigeant.

2- Assurent-ils la continuité de l’institution ?
Justement,
L’une des fonctions du renouvellement des directions est d’assurer l’évolution de la ligne politique de l’institution, son adaptation au temps.
Les septuagénaires apportent la continuité non pas de l’objet de l’institution mais de sa politique passée.
Ils ne sont plus, comme les sexagénaires ou les quinquagénaires, liés à tous les mouvements de la vie active.
Ils créent le passéisme.
Nous parlons là de directions effectives, titulaires, et non pas des contributions libres que peuvent apporter les retraités.
Ce passéisme est encore une dégradation de la qualité de la direction de l’institution.

3- Comment exercent-ils leurs fonctions ?
a- soit en proclamant que ce sont des planques symboliques,
M. Debré prend un machin qui ne s’est pas réuni depuis deux ans. Bravo !
M. Huchon prend un truc dont il nous dit qu’il est subalterne, car « technique », mais pas « nul ».
b- soit en donnant à voir que cette fonction respire la sagesse et le silence, qu’il n’y a donc rien à en dire. C’est le cas de M. Fabius.
c- soit en donnant les garanties qu’on fera comme les autres mais juste une fois parcequ’en effet le passif des « deuxièmes mandats » cacochymes de MM. Mitterrand et Chirac est devenu lourd à porter. C’est le cas de M. Juppé.

4- La fonction
Ils ne sont pas vraiment là pour diriger mais pour accompagner le mouvement, voire pour lui donner un prestige qu’ils prétendent être seuls à pouvoir apporter, au contraire des petits-jeunes quinquagénaires ou sexagénaires.

Cette farce sinistre est acceptée par les réseaux de cadres dirigeants qui sortent tous des mêmes écoles et sont tous confrontés au même népotisme culturel.

Il en est ainsi car la fonction sociale des septuagénaires est sans rapport avec une quelconque exigence « technique ».

En France, il y a des réseaux de cadres qui peuvent dire : ces places nous reviennent et donc en l’espèce me reviennent. Elles doivent m’être attribuées.

En quelque sorte, ils tiennent la boutique. Ils sont la caution symbolique de la politique nobiliaire de privilèges et d’apanages à tous âges et en toutes fonctions.

16)- L’âge du départ en retraite
Le déplacement de l’attribution des postes de l’apanage vers le Talent et la Vertu conduit à l’examen de l’âge d’exercice des responsabilités.

Indépendamment des cas d’exceptions, qui n’apparaissent pas aujourd’hui, nous avons vu que :
a- Les 50-70 ans ont toutes les qualités que peuvent avoir les 70 ans.
b- Les 70 ans n’apportent au mieux rien de plus que les 50-70ans ;
c- Les 70 ans fragilisent les places dont ils spolient les 50-70.

J’ai pris la limite d’âge de 70 ans parceque les nominations scandaleuses et la candidature inutile auxquelles nous sommes confrontés portent sur des septuagénaires.

J’ai mis en valeur que ces gens doivent inventer leur vie dite de retraité parceque dans l’occupation de charges publiques ils feront moins bien que leurs cadets, quelque soit le cas de figure.

Ne serait-ce que parceque, derrière la façade glauque du prestige, ils bloquent les débats d’évolutions.

L’âge à prendre réellement en compte est cependant différent.

17)- L’expérience chinoise
L’exemple des dirigeants chinois me parait pertinent.

La chine est un pays dont l’Etat procède d’une épopée légendaire ; après les Empereurs. Tant que les héros de cette légende ont été en capacité de diriger, les petits-jeunes qui ont voulu occuper les places dirigeantes ont été écrasés.

Chaque dirigeant, que ce soit des personnes ou des équipes, étant persuadé d’être indispensable et d’être le meilleur ; Les successeurs auraient pu continuer sur la lancée du Vieux sage de la Montagne révolutionnaire.

Au lieu de cela, les cadres chinois ont eu la présence d’esprit de comprendre que la disponibilité nécessaire à l’exercice des responsabilités publiques, toutes, impose désormais des limites d’âges.

Au-delà, c’est la bonne gestion des affaires du pays qui doit payer la note des faiblesses nécessairement cachées du dirigeant indispensable.

Les cadres chinois ont fixé la limite, tacite ou légale, à 65 ans.

Un cadre peut dépasser les 65 ans pour finir son mandat. Mais il ne pourra plus être nommé après cet âge.

Cela oblige tous les cadres à lâcher prise quant à leurs calculs personnels et leur orgueil quand ils voient que la date limite arrêtera leur élan.

C’est un tout autre dispositif de distribution des postes qui s’organise ainsi.

Ce système ne permet pas la réservation de poste au titre de l’apanage, la récompense, la vanité.

On bosse jusqu’à 65 ans, puis on sort du jeu des Pouvoirs publics. Le système rejette ainsi dans le civil des millions de cadres de haut niveau qui n’encombrent plus les allées du Pouvoir mais peuvent créer leur propre participation à la vie sociale.

Au même moment, dans le même monde global, le modèle que renvoie la France est celui d’un pays qui vient de supporter le poids de deux chefs d’Etat, MM Mitterrand et Chirac, qui mentaient au public pour effectuer chacun un deuxième mandat qu’ils se savaient incapables d’exercer.

A nouveau :
a- un vieillard nous explique qu’il se sent jeune, plus jeune que les jeunes ;
b- des cadres dirigeants exigent comme si de rien n’était des sucreries, eut égard à leur statut social féodal.

Cette régression infantile aura t’elle une fin ?

18)- Bilan
Les faits et gestes de ces quatre cadres dirigeants de l’Etat mettent en scène qu’ils ne sont pas, ils ne sont plus, des cadres comme les autres et qu’ils occupent indument cette place qu’attendent légitimement ces autres.

Ces derniers sont en effet formés pour ça et ils sont en âge de s’y donner complètement.

La farce du vieux sage qui ferait passer en douceur les mesures qu’il appelle chez les autres « le sang et les larmes » n’est plus tenable.

Ces sucreries ou ces vanités satisfaites sont en fait la forme concrète d’une idéologie féodale (dont les tenants piétinent allégrement la noblesse culturelle ou historique) et qui n’est plus depuis longtemps qu’un des noms du refus de la démocratie.

L’un des résultats les plus probants de cette idéologie est de clore l’avenir des jeunes dynamiques en leur susurrant dès l’école ou l’université qu’ils sont barrés dans leur efforts, leurs ambitions, leurs rêves, par des droits de préemption sur les carrières qu’acquerraient certains pour avoir obtenu un demi point de plus à un concours ou à un examen.

19)- Conclusion
Le 11 mars 2016, j’adressai à M. Debré une lettre lui demandant de quitter ses nouvelles fonctions indument exercées.

Il est temps en effet que ces Messieurs redescendent sur terre et prennent une retraite bien méritée.

a- M. Debré, Fabius, Huchon, doivent démissionner des postes qui leur ont été attribués par népotisme culturel, autrement dit par corruption morale.
b- M. Juppé doit faire son deuil des rêves du jeune homme. Il doit repérer celui de ses concurrents dans les idées duquel il se reconnait et lui apporter un soutien loyal et efficace. Là, son âge sera culturel et bénéfique.

Les partis politiques ne doivent plus présenter de candidats de plus de 65 ans ; ni les électeurs voter pour eux.

Ce qui est une question relative à l’organisation des Pouvoirs publics ; typiquement législative ou référendaire.

Comme M. Juppé, je pense que les petits-jeunes sont aujourd’hui pires que leurs anciens.

Mais le masque de la sagesse sur des pratiques violentes permet juste de fausser le débat public et de démoraliser les français lorsque les faits ne sont plus angéliques.

A la question : peut-on aujourd’hui exercer des responsabilités publiques à partir de 65 ans, sans dommages pour la collectivité ? La réponse est non !

Il faut en tirer les conclusions maintenant.


Marc SALOMONE
Retraité, 65 ans.

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