samedi, janvier 09, 2016

police, gendarmerie, perquisition, destruction, réparation matérielle, 07.01.2016




Paris, le jeudi 7 janvier 2016

En copie pour :


MM les Présidents du Parlement


M. le Bâtonnier


M° Joxe
pierre.joxe@laposte.net


Syndicat de la magistrature
Syndicat de la magistrature - 12-14, rue Charles Fourier, 75013 Paris
Tél. : 01 48 05 47 88 - Fax : 01 47 00 16 05 –
contact@syndicat-magistrature.org

Union syndical des magistrats
18 rue de la Grange Batelière
75009 PARIS
Tél. : 01 43 54 21 26
Fax : 01 43 29 96 20


Syndicat des Commissaires de police


Mme Simonnot, journaliste

Monsieur le Premier Ministre,

L’Etat va donner aux forces de l’ordre des moyens d’interventions supplémentaires.

Une partie du débat se mène au sujet des dégâts matériels causés par les interventions des agents de l’Etat.

1)- Les faits
Ainsi :
1- Un jeune homme est arrêté dans un sous-sol d’aéroport, par suspicion d’avoir commis un crime.
La police établit elle-même son innocence.
Entre-temps, sa voiture a été désossée.
Un an plus tard :
a- Le jeune homme est en dépression sans aucune prise en charge.
b- Il n’a toujours pas récupéré sa voiture.

2- Les policiers défoncent une porte de logement, par erreur, casse un os à l’habitant, et l’embarquent.
La porte est laissée ouverte durant sa garde-à-vue.
Lorsqu’il revient, il constate que son appartement a été pillé.
Un seul commentaire des fonctionnaires : « Ben quoi, ça arrive à tout le monde de se tromper ».

3- Un an après les affaires Charly, l’imprimerie n’est toujours pas remise en état.

4- état d’urgence :
3000 perquisitions : la protestation publique porte prioritairement, quant aux faits mis en avant, sur les bris de porte.

2)- Constat

Pour l’instant, croiser des agents de l’Etat en action, en tant que citoyen honnête peut être une catastrophe comparable (voire supérieure car on ne peut ni négocier, ni se défendre) à la rencontre avec des voyous.

3)- La proposition
Pourquoi l’Etat n’inclurait-il pas dans sa pratique, c’est à dire dans la loi :

1- L’obligation pour les forces de l’ordre, lorsqu’elles emmènent toutes les personnes d’un lieu, de fermer les portes qui peuvent matériellement l’être : maison, voiture, entreprise, etc.
2- Le remplacement immédiat des portes et fenêtres légitimement défoncées par l’action publique.
Le tout apriori, aux frais de l’Etat, à l’identique, en équivalence ou de qualité supérieure.

3- Le paiement à titre d’assurance des dégâts causés et générés.

4- En cas de culpabilité judiciairement établie, la note peut sans doute être présentée au coupable ; au prix de l’ancien.
Selon le principe qui en usage déjà dans toutes sortes d’interventions, notamment hospitalières.

5- Lorsque la police défonce une porte de logement pour arrêter un criminel, il est normal pour la population que la porte familiale soit remise en état dans la journée.

Et qu’elle le soit sans que le poseur prenne son bénéficie de sadisme et de sabotage.

6- Le remplacement de tous les instruments détruits ou endommagés au cours de l’intervention.
Exemple : Si une voiture est désossée à tord ; le Domaine est apte à en fournir une équivalente ou meilleurs sur le champ.

Ce remplacement est la moindre des choses.

7- La remise en état et les fonds de redémarrages pour un local de type « entreprise ».

Je pense que les français normaux sont sidérés de voir que le Chef d’entreprise de l’imprimerie de l’affaire Kouachi n’a jamais été réinstallé.

4)- Conclusion

Il n’est pas une structure d’intervention (commissariat, gendarmerie, préfecture, ministère) qui n’est la capacité de se soucier de la mise en place de ce dispositif ; surtout sur le long terme, dans la routine.

Si l’Etat n’est pas complètement gangréné par les rapports maffieux, ce sont des mesures qui ne coûtent pas chers.



Pour l’instant, la situation de ce PDG de l’imprimerie de l’affaire Kouachi illustre parfaitement la conception complètement féodale qu’ont les fonctionnaires de leurs rapports aux administrés.

Les manants n’ont pas à se plaindre si leurs champs sont ravagés par le passage de la chasse-à-cours.

Et vous vous trouvez, Monsieur le Ministre, dans la situation de celui qui annonce que ça va s’aggraver.

Surtout ne dite pas publiquement que les forces de l’ordre mettent un point d’honneur à régler elles-mêmes ces questions ; vous perdriez une bonne part de la confiance que les français ont en vous.

En vous remerciant de votre attention,

Je vous prie d’agréer, M. le Premier Ministre, l’assurance de ma considération distinguée,


Marc SALOMONE

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