lundi, juin 10, 2013

Méric, Esteban, Extrême-droite, Antifascisme

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 Méric, Esteban, Extrême-droite, Antifascisme

10.06.13

Martyr sacrificiel et victime expiatoire

1)- L'ordre des priorités
Dans l'affaire Méric, il apparaît qu'il n'y a pas eu d'agression, de calcul, de volonté d'en découdre, de mise en danger d'autrui, de haine, de la part des Skinheads.
1- Ils ont d'abord refusé de s'engager dans la bagarre qui leur a été imposée pour deux raisons :
a- Ils n'étaient pas venus pour se battre mais pour acheter des vêtements, comme les antifas.
b- Ils ne voyaient pas en quoi leurs interlocuteurs revendiquaient la fonction d'adversaires permanents en dehors des heures de séances d'agressivité politique.
c- Ils mesuraient leur supériorité physique et ils l'ont fait savoir à leurs provocateurs.
2_ Ils ont au contraire été agressés, provoqués, contraints, au combat.
Ils l'ont été par ceux qui se réclament d'un groupe « antifas » qui ont provoqué de manière répétée les skinheads.
Le fait que l'un des provocateurs soit mort ne change rien à l'ordre des priorités.
3- Le comportement des skinheads avant l'altercation, en boutique, indique que ces gens n'ont pas fonctionné selon les critères de la haine. La haine dont la justice doit examiner la présence et les conséquences n'est pas la rage qui se mobilise dans la circonstance du combat.
En droit, c'est une preuve ; à tout le moins un indice grave et concordant.

2)- Les priorités des « antifas »
Les étudiants dits « antifas » ont :
a- Agressé verbalement et violemment les skinheads.
- Ils auraient tenus des propos tels que :
« On vous a reconnu. Vous n'avez pas intérêt à acheter beaucoup de sacs. On vous attend dehors. ».
M. Méric aurait ainsi déclaré : « Ce sont des gens qui ne devraient même pas être vivants. »
b- Préparé une agression.
Le meneur avait des gants de boxe dans son sac et poussait ses camarades à organiser un combat.
c- Construit la contrainte de combat
L'agression verbale a eu lieu dans l'appartement de vente.
Les « antifas » ont ensuite attendu les skinheads à la sortie.
A plusieurs reprises, ils ont refusé et contourné les exigences de dispersion des vigiles en reconduisant un peu plus loin la création d'une obligation de bagarre.
d- Ils ont refusé l'autorité du vigile qui leur enjoignait de quitter les lieux et de partir de la place. Ils ont créé le lieu du combat et défini un assujettissement moral à ce combat pour les skinheads.
Ça fait beaucoup pour des défenseurs de la loi et l'ordre démocratique outragés

3)- M. Méric
M. Méric est une personne visiblement fragile. Son image en atteste. Il se relève d'une leucémie. Son corps est inapte à encaisser les coups rageurs d'un combat.
Cette visibilité de sa fragilité lui a été signifiée par ses interlocuteurs qui refusaient aussi à ce titre d'être ses ennemis.

C'est de sa propre responsabilité qu'il s'est inscrit dans une action dont la finalité principale est la violence physique sur autrui et avec autrui, donc aussi sur soi-même.

Il ne s'est pas défendu. Il a attaqué.
Il n'est pas une victime, il est un bourreau.
Il n'est pas en légitime défense. Il est un justicier.
M. Méric n'est pas dans ce combat parcequ'il se trouve pris dans un vent de folie qui souffle parfois dans un lieu public composé de jeunes. Comme à la sortie d'une boite de nuit après une soirée bien arrosée.

M. Méric est présent parcequ'il est inscrit dans une activité organisée de recherche de l'action violente.

Cette recherche de la violence est inhérente au projet qui forme l'adhésion à ce groupe. Ce dernier est uni par la recherche et l'éradication des manifestations de ce qu'ils appellent le « fascisme ». Nous verrons qu'il porte en fait un autre nom, celui du Mal.
C'est cette recherche qui lui a fait refuser l'autorité publique dont est investi le vigile.

4)- Le Mal
Les « antifas » auxquels appartenait M. Méric ne sont pas seulement des étudiants qui font face physiquement au camp politique d'en face ; avec ce que cela laisse de possibilités d'affrontements et de dégazages d'hormones. Toutes les générations étudiantes ont ce genre de mobilisations. Elles sont le substitut universitaire des gangs des quartiers populaires.

L'activité de ces groupes relève d'une orientation idéologique nouvelle en France. Leur antifascisme n'a plus que de lointains rapports avec l'opposition politique du fascisme et de la démocratie.

Ils ne combattent pas pour la démocratie. Ils se battent contre une réalité idéologique en soi, un objet social, le fascisme. Leur seul but est de l'éradiquer en combattant physiquement ses membres et ses manifestations. Ce fascisme ne s'oppose à rien. Il est un mal en soi. Il en est ainsi car ce fascisme est en fait le visage politique et laïc du Mal, la manifestation de Satan, la « bête immonde » qu'il faut chasser de la terre.

Ils développent une vision religieuse de la société. Ils sont des sortes de satanistes qui vont traquer le Mal, les manifestations du Malin, pour le faire fuir. Ce combat est partout et à chaque instant. En interrogeant les militants ont trouvera inévitablement des références à la traque des vampires des séries hollywoodiennes.

La violence à l'égard des personnes supposées incarner ce Mal est nécessaire et inévitable puisque ces gens sont possédés par le démon et qu'il s'agit d'extirper de leur corps cette présence maléfique pour toute la société.

Les skinheads sont des êtres humains, certes, mais ils sont possédés par le Mal, le démon. Ils sont légèrement différents des hommes en ce qu'ils sont des êtres démoniaques. Ils doivent être vaincus pour restaurer la toute puissance du Bien et par là-même la sécurité de la société. D'où la nécessité de rester sur place au lieu de partir.

Ce mouvement, sous des dehors laïcs, est en fait imprégné de religiosité. La question qui se pose historiquement pour tous ces mouvements est la suivante : Après, à qui le tour ? Si l'extrême-droite est vaincue et retourne en enfer, qui d'autre sera désigné comme l'incarnation du Mal ?

5)- La normalisation
La formule de M. Méric, « Ce sont des gens qui ne devraient même pas être vivants », tous les pédés l'ont entendue.


C'est la formule par laquelle les combattants s'investissent d'un droit d'éradication de l'adversaire qui est un ennemi du genre humain. Il ne faut pas seulement éliminer un ennemi, une force. Il faut purger la société d'un mal qui peut grangrener la société. Ces gens sont anormaux. Les éliminer revient à restaurer la norme du vivant. Epurer, c'est garantir la vie.

On ne peut pas dire que M. Méric est « mort pour ses idées » et passer sous silence celles qu'il exprime. Le moins qu'on puisse dire est que nous ne sommes pas éblouis par l'évidence de leur antifascisme.

6)- Le martyr et le sacrifice

A- Le martyr
Il est visible que M. Méric a été dès l'annonce de sa mort sanctuarisé en martyr. Cette mort, celle-ci ou une autre, était attendue par les uns comme le signe divin guidant les messagers errants. Elle était attendue aussi par d'autres comme le signal de l'action. Vieille techniques politique d'Etat. Les exemples historiques abondent.

Toute la prose concernant cette mort est une montée vers l'autel, la croix, le lieu saint. Même depuis qu'on sait que c'est la petite équipe de M. Méric qui a agressé les skinheads, ceux-ci sont nécessairement les « agresseurs ». Ce qui est faux.

La tombe sociale de M. Méric doit être la source où viennent s'abreuver toutes les forces antifascistes pour partir et repartir au combat contre la bête immonde, le Mal. La fontaine miraculeuse de la gauche française encore officiellement laïque.

B- Le sacrifice
Au martyr de M. Méric doit répondre, tout aussi religieusement, le sacrifice de son pseudo-agresseur.
La question qui se pose n'est pas de savoir s'il y a culpabilité ou pas. La culpabilité est un « acquis social ».
La question est de savoir s'il va être possible de donner au parcours judiciaire tout son retentissement dans l'éradication du Mal, alias l'extrême-droite, alias le fascisme, alias ce qui en prendra la suite.
La procédure sacrificielle doit être l'épicentre d'un tsunami antifasciste rédempteur. Il doit détruire l'extrême-droite, briser la droite, mettre au pas la gauche. Le soleil brillera à nouveau.

7)- La vengeance sociale
1- Un homme est mort. M. Méric. Fils de deux universitaires, professeurs de droit, élève à Sciences-Po. Déjà remarqué comme un futur cadre dirigeant.
Sa présence dans un mouvement violent, cagoulé, pour le moins insouciant de la loi, n'est pas un handicap moral. C'est son stage commando. C'est bon pour le CV si on a ce paqrcours.

2- Un homme serait responsable de sa mort. M. Esteban.
a- Il est habillé pour les quatre saisons par les universitaires spécialistes de l'extrême-droite :
- « C'est un jeune désoeuvré. Le lumpen prolétariat radicalisé. Avec ses camarades, ils ne forment pas un public d'intellectuel (capable d'intelligence). Il ne font pas de colloques. Ils se livrent à toutes sortes d'actions que ni vous ni moi n'avons l'habitude de faire. Ces gens ne peuvent pas être des cadres de parti. »
Fermez le ban.

b- Nous apprenons tardivement que Esteban n'est probablement que son prénom et non son nom.
Il n'a pas le droit au nom, tout comme au titre de détenu il n'a pas le droit à montrer son visage. Avant même d'être reconnu coupable, il est déjà indigne d'être un homme.
C'est du féodalisme.
3- La mécanique idéologique développe l'argument d'une opposition sociale entre une gauche radicale, mais de Sciences Po, et une droite radicale, mais du prolétariat.
En bref, les bourgeois sont à gauche et démocrates. Les prolétaires sont à droite et fascistes.
Lorsque Mme Thatcher disait que « le général Pinochet a sauvé la démocratie » elle disait, juste avec un temps d'avance, ce que les universitaires et journalistes français peuvent enfin dire aujourd'hui.
Thiers aussi a expliqué documents à l'appui que les ouvriers de la Commune de Paris étaient des délinquants multirécidivistes.

Le temps a dû paraître long aux universitaires. Tout ce long détour par le respect des prolétaires avant de revenir enfin aux fondamentaux de la haine et du mépris.

8)- La justice
1- Le racisme social
a- La justice met en accusation le prénommé Esteban. La presse, par racisme social, ne nous en donne pas le nom.
Rappelons que c'est juste inconstitutionnel. La justice étant publique.

b- Il est accusé d'homicide involontaire.
Pour être certain qu'il aille en prison, on commence par l'y mettre d'office. Chacun sait que les magistrats du siège couvrent la peine illégale de détention préventive par une peine équivalente.
C'est un abus de pouvoir.

2- L'inégalité devant la loi
La copine de cet homme est mise en examen pour « complicité » de violence ayant entraîné la mort.
Cela pose un problème de droit.
Qu'on dise que M. Esteban est le seul coupable des coups mortels, soit. Le procès statuera.
Par contre, à partir du moment où on parle de « complicité » tout change.
Il a été établit que ce sont les « antifas » qui ont provoqué et plus encore commandé, organisé, la contrainte de la bagarre.
Ils l'ont fait en :
a- Insultant
b- Convoquant les groupes dehors
b- Refusant l'autorité publique du vigile.
Comment la justice peut elle déterminer une « complicité » sans examiner celle des adversaires de M. Esteban ?
Il faudrait pour ne retenir que la seule « complicité » de la copine de M. Esteban retenir le thèse de l'agression de gentils antifascistes agressés par des méchants skinheads fascistes. Personne ne peut plus retenir cette thèse.
Soit, la justice s'en tient à la qualification de complicité pour la seule personne d'un seul camp. Dans ce cas, il y a violation manifeste de l'égalité de tous devant la loi.
Soit, la justice examine les responsabilités judiciaires de l'ensemble des personnes présentes. Dans ce cas, la position juridique de M. Esteban peut s'en trouver modifiée.



9)- Les conséquences civiles
Désormais, le sang à coulé et cette trace de sang est érigée en ligne de front entre la légalité et la barbarie. La veillée funèbre est une veillée d'arme.

M. le Premier Ministre ne s'y est pas trompé. Il ordonne de « tailler en pièce » les groupes d'extrême-droite.

C'est très exactement le langage que rapportent les historiens lorsqu'ils racontent qu'à l'issue de la bataille, l'un des deux camps lâche prise et se débande. Le général de l'autre camp demande à sa cavalerie de courir sus aux fuyards et de les « tailler en pièce ».

C'est donc que nous serions en présence d'une guerre qui n'a jusqu'ici pas dit son nom. La mort de M. Méric est la révélation subreptice d'un champ de bataille dans la cité. Les guerriers sont parmi nous.

Cette guerre, après s'être incarnée dans le corps broyé du jeune Méric, va s'inscrire sur le corps supplicié du jeune Esteban.

Le sang de M. Méric est le sang originel, la source miraculeuse, la fontaine de jouvence, où viendront continuellement s'abreuver les bénéficiaires de cette « Divine surprise », ou de cette « Étrange défaite ».

La mort cruelle de ce jeune homme pour lequel les guerres des adultes continuaient d'être des jeux d'enfants crée un substitut au droit. Il permet de le contourner en son sein. Cette mort légitime ce qui a bien besoin de l'être et tisse la légalité de ce qui détruit les principes de celle-ci.

Souhaitons que la raison l'emporte, que les magistrats ne s'en laissent pas conter, que M. Méric repose en paix.


Marc SALOMONE



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