lundi, octobre 17, 2011

dualité administrative, guerre en Libye, guerre civile, europe, crime d'Etat

29.07.11
Libye. Dualité administrative. Administrations civiles et tribales.

La presse fait un bilan en cette fin de juillet de la guerre de Libye. Voici ce que nous en comprenons.

La guerre sans déclaration de guerre de Libye a provoqué au sein de l’administration française une transformation par effraction.

Elle a instituée une dualité administrative.

C’est important pour comprendre la conduite de la guerre puisque le parti occidental, dirigé par les Etats-Unis, qui a provoqué cette guerre en a confié la conduite à l’actuelle direction étatique française.

C’est aussi important pour la France, puisque ce questionnement est le surgissement d’une dualité de statut de la France, la reprise des débats de l’Occupation.

Cette dualité administrative recouvre une dualité du pouvoir et un combat pour la subordination de l’un à l’autre.

Il y a donc deux administrations distinctes qui conduisent la politique étrangère en France.

IL y a dualité administrative car il y a des conséquences étatiques pour chacune des décisions prises par l’une et l’autre des instances. Les personnes qui incarnent ces administrations donnent des directives qui sont suivies d’effets par les agents de l’Etat.

Les deux administrations apparaissent inégales. L’une serait réduite à une personne. Celle-ci peut ainsi se donner les allures de despérados. L’autre serait institutionnelle. Le Ministre qui en a la charge serait une puissance considérable.

Les faits sont différents.

D’une part : Une administration publique, le MAE, conduit par Alain Juppé.
D’autre part : Une administration tribale conduite par Bernard Henri Lévy.
Techniquement, cette administration s’organise par l’établissement de liens personnels de types féodaux. La relation personnelle, du seigneur à son féal, établit :
- Une légalité.
M. Lévy donne des ordres qui ont force de loi. Il reçoit, communique, organise, au nom de l’Etat.
- Une obligation de type administrative.
La circulation d’information, la jonction avec des administrations d’Etats, telle la participation à des réunions d’Etat-major, la rencontre de Ministres étrangers, etc. crées une institution par le seul rapport personnel.
- Un lieu d’officialisation
C’est M. Lévy qui annonce le déplacement de l’ambassade de France en Lybie, de Tripoli à Benghazi.
Constitutionnellement, le fondement juridique de ce lien est tribal.
M. Lévy et M. Sarkozy n’ont aucun lien public officiel entre eux. M. Lévy est un particulier qui n’a aucun droit à être reçu par le Chef de l’Etat pour élaborer une politique et parler au nom de l’Etat. Ils ne se rencontrent pour établir des liens juridiques administratifs qu’en raison d’une identité ethnique, juive en l’espèce. C’est la politique de préférence américaine des cadres juifs que s’établit l’entente entre M. Lévy et M. Sarkozy.

M. Lévy donne des ordres, fait des proclamations, sur le perron de l’Elysée, lieu d’exercice du pouvoir exécutif. Sur ce perron, M. Lévy a annoncé le début de la guerre. Le Ministre des Affaires étrangères n’en était pas informé. Il s’était exprimé contre, puis s’est incliné.

Il entretient des relations de droit avec les instances de la rébellion libyenne devenue organisme reconnu comme l’instance légale de la souveraineté libyenne par divers pays dont la France. Il présente ces gens au Chef de l’Etat. Il organise la reconnaissance française d’instances politiques étrangères. C’est la prérogative du MAE.
M. Lévy a organisé l’armement des rebelles. Ceci est contraire à la résolution concernée de l’Onu. Le Ministre a du approuver, suivre.
M. Lévy a réclamé l’installation d’hommes à terre. Il n’a été arrêté que part l’opposition de puissances étrangères trop puissantes pour lui. Le Ministre n’était pas en mesure de s’opposer seul à cette demande de violation de la résolution de l’ONU, à cette disposition aventurière, irresponsable, criminelle.
Il est invité par le Chef de l’Etat à assister à des réunions de l’Etat major des armées chargé des opérations en Libye. Ce qui est simplement inconstitutionnel. Il n’a aucune qualité ni institutionnelle, ni technique, à entrer dans ces réunions.
Lorsque les ministres de M. Kadhafi veulent entrer en discussion avec les attaquants, ils s’adressent à M. Lévy. C’est donc lui qui dirige les administrations civiles de la guerre.

M. Lévy a présenté son refus de la participation de M. Kadhafi aux discussions comme un principe gouvernemental. Il y a eu une confrontation publique entre les deux chefs d’administrations sur ce point. Le Ministre a dû reculer.
Ce recule n’est pas celui d’un point de vue. C’est celui de la forme constitutionnelle et républicaine de l’Etat.
M. Lévy ne fait pas valoir le point de vue de la France. Il impose le point de vue d’une puissance étrangère, les Etats-Unis, au motif de représenter celui d’une organisation elle aussi étrangère, le CNT, présentée comme fondatrice de droit en raison de sa position d’organisation souffrante. Les passions particulières et les missions autoproclamées des ONG deviennent organisatrices de l’Etat français, elles définissent sa politique.
La France disparaît au sein même de l’organisation administrative française.

En termes modernes : c’est une privatisation de l’Etat sous une forme archaïque.

Il y a bien dualité administrative car :
a- Il y a vraiment deux administrations.
Ce n’est pas l’organisation d’une activité complémentaire ou parallèle liée au Chef de l’Etat. Soit une individualité marginale, soit des services secrets. Dans ce cas, l’équipe parallèle mène son action, si brillante soit elle, en laissant l’exercice de la légalité à l’administration officielle. Là, il n’en est rien.
b- Cette distinction est vraiment celle de deux réalités organisationnelles occupant le même espace institutionnel : la direction de la politique étrangère de la France.
L’administration privée exerce les pouvoirs régaliens tout autant que l’administration publique. Telle l’annonce du transfert du lieu de l’accréditation de l’ambassadeur.
c- Les deux administrations, publique et privée, sont placées sous la tutelle du Chef de l’Etat. Elles sont insérées dans le fonctionnement régulier des institutions. L’une est la légalité. L’autre est une Subprime.

Cette dualité administrative est une dualité de leur direction. Elle exprime administrativement, en mettant en scène deux administrations distinctes et concurrentes, la dualité du pouvoir incarnée par une seule personne, le Chef de l’Etat.

Ce qui se passe dans l’armée française depuis sa suppression et son intégration à l’Otan en 2008 peut nous éclairer sur ce qui se passe au MAE.
L’armée française est devenue le cache-sexe, le prête-nom, de l’armée de l’Otan. Elle est la structure par laquelle l’Otan dispose des moyens militaires français, et peut se masquer derrière leur drapeau.

M. Lévy installe dans le MAE, par la constitution d’une structure parallèle, la même logique que celle de la soumission de l’armée française à l’Otan et sa disparition en tant qu’armée libre.
Ce faisant, M. Lévy fait entrer l’Otan, c'est-à-dire les Etats-Unis, dans le MAE puisqu’il devient l’administration par laquelle l’Otan, représentée in situ par M. Lévy, dispose de l’administration diplomatique française.

Là, il n’y a pas absorption, mais pénétration. Le résultat est le même, le phagocytage d’une administration par une autre. La soumission des capacités de la première à la politique de l’autre.

En faisant prendre des décisions publiques par un quidam, le Chef de l’Etat ne délègue pas ses pouvoirs à un tiers. Il met en place une politique qui ne trouve pas sa place dans la finalité des administrations françaises.

La décision de faire à la guerre à la Libye a été prise sans M. Lévy. Il n’en est que le coup de peinture. Elle l’a été aussi sans l’avis des autorités françaises. C’est une décision du parti occidental, de l’Otan, des Etats-Unis. M. Lévy est simplement la « personnalité hexagonale », selon le mot de M. Sarkozy pour présenter Mme Lagarde au FMI, qui permet d’inscrire des décisions étrangères dans un contexte administratif français.
Il permet de mobiliser les cadres civils, dont les médias, les partis, les élus, les populations acquises aux aventures d’ingérences, le parti de la trouille, etc. Il vend la politique d’une puissance étrangère aux différentes castes dirigeantes françaises.
Pour faire passer une politique étrangère conforme aux intérêts de puissances étrangères et contraires aux principes juridiques internationaux, le Chef de l’Etat forme un MAE bis. La première fonction de celui-ci est de faire de la politique, de prendre parti.
Il se met en situation d’avoir à discuter de la politique étrangère avec le MAE privé, tribal. Il peut ainsi établir une politique étrangère avec une administration d’accord avec lui, puisqu’elle est son administration privée D’abord virtuelle, cette administration devient réelle en subvertissant l’administration officielle ou publique.
Le MAE public, français, perd le privilège d’exposer seul au Chef de l’Etat la validité de ses orientations de politique étrangère.
Le Chef de l’Etat se trouve en position d’arbitrer entre deux administrations traitant du même sujet sur un pied d’égalité.
L’avantage de l’administration tribale est qu’elle est faite pour mener un combat politique. L’administration publique se l’interdit.
Pour créer l’évènement qui sera le support public de ce coup de force institutionnel, une campagne médiatique commune à toutes ces aventures politiques est organisée.
Pour cautionner le renversement de Ceausescu en Roumanie les médias ont inventé un massacre au cimetière de Timisoara. Un quasi-génocide. Une fois l’opération réussie, les médias ont dit que ces cadavres venaient ordinairement de la morgue locale.
Pour la Libye les médias montent en mayonnaise les invectives réciproques des protestataires et du pouvoir central. Benghazi va être rasée. Le génocide est assuré.
Il s’agit juste d’arrêter la colonne de chars qui fonce vers la ville.

D’une part, l’administration publique doit donc s’opposer à l’administration privée du Chef de l’Etat présentée sous les traits d’un justicier sans peur défenseur des veuves et des opprimés. Sachant ce que ces gens là savent sur M. Lévy, ça n’a pas dû être facile à digérer.
D’autre part, elle doit s’opposer à l’opinion publique française, voire internationale, qui lui ferait porter l’entière responsabilité d’un bain de sang.
En même temps, les diplomaties occidentales poussent M. Kadhafi à s’enfoncer dans l’aventure, et les insurgés à la poursuivre.

M. Juppé se retrouve à devoir s’opposer au Chef de l’Etat, aux Etats-Unis, au gouvernement anglais, à tous les humanitaires, à Bruxelles, etc.

Devant ce problème politique, l’administration publique fait la seule chose qu’elle sache faire en de pareilles circonstances, elle capitule.
Incapable de formuler une politique, d’en appeler au peuple, d’engager un débat public, elle se met en position d’accompagner le mouvement pour tenter de le contrôler.
Vieille explication administrative pour tout expliquer.

La parade a été d’obliger le Chef de l’Etat à accepter le détour par l’ONU. Seule l’Onu pourrait provoquer une intervention.
Le coup du génocide permet d’obtenir un vote unanime sur le sauvetage des victimes prévisibles.
Donc, Résolution 1973.

A partir de là, il ne reste plus qu’à s’assoir dessus, la violer. Personne ne peut s’opposer aux viols des résolutions des nations unies. Vus qu’elles le sont toutes.

Une fois la colonne de char détruite, l’offensive continue illégalement vers Tripoli.

Une tripotée d’imbéciles espère stupidement prendre sa revanche sur la guerre de Suez en 1956.

Cette forfaiture de l’occident, à laquelle la France prend de fait une part décisive est citée aujourd’hui comme l’argument décisif de tous les pays non-occidentaux pour refuser toute nouvelle alliance avec eux pour une autre intervention. Les pays occidentaux sont désormais considérés comme faillis.

Les administrations officielles ne peuvent plus que préparer le pire et, pour contrôler l’aventure, guetter les interstices des contradictions et les échecs des politiques mises en branle par le parti occidental. A chaque moment de faiblesse, on entend des analystes dire qu’on va enfin pouvoir faire de la politique, de la diplomatie, de l’intelligence. Immédiatement, l’administration privée orchestre une surenchère guerrière.

Les points d’achoppement des politiques d’aventure et de paix est d’une part, l’installation d’une négociation entre les deux parties libyennes, d’autre part, la participation de M. Kadhafi à ces négociations.
Dans un premier temps, le parti de l’aventure militaire a refusé de reconnaître l’existence de deux camps. Il a mis en scène l’existence d’un camp unique de la civilisation qui partirait invinciblement à l’assaut de la capitale tenue par un barbare. Il était même étonnant que celui-ci sache se servir d’une arme moderne.

Puis, il a fallu se rendre compte que les pseudo-barbares ont une existence durable. D’autant que les pseudo-civilisés montrent des carences humanistes et administratives certaines.
La question de la négociation s’est alors posée. Elle l’a été sous la forme de la capitulation.
Le camp occidental refuse de reconnaître l’existence d’une guerre civile, de deux parties, de deux autorités politiques.
La reconnaissance de la réalité se fait donc par le biais de l’idéologie dite du pragmatisme. Cela permet de faire certaines choses conformes aux faits sans accepter de les nommer, en se réservant de ne plus en tenir compte si l’occasion le permet.
Acceptant par pragmatisme l’existence de deux camps, l’un civilisé, l’autre barbare, selon les catégories du parti occidental, les deux forces du camp de la guerre : l’opposition aux principes politiques de la paix et l’imposition des buts de guerre se reportent sur le refus de la présence de M. Kadhafi.
Pour l’administration officielle l’acceptation d’une discussion à deux vaut reconnaissance des personnalités qui les dirigent. M. Kadhafi doit être entendu, même « derrière le rideau ».
Là encore, le parti occidental brise cette initiative diplomatique. M. Lévy, à nouveau sur le perron de l’Elysée, en vertu d’une délégation de pouvoir tribale, illégale, interdit toute présence de M. Kadhafi. La délégation tripolitaine n’est là que pour avaliser un dictat.
Par l’organisation de cette différence de positionnement, ceux qui dictent et ceux qui signent, le parti occidental veut constamment ramener son point de vue binaire archaïque. Il y a les bons et les méchants.
Le Ministre des affaires étrangères doit accepter le fait accompli, et s’effacer derrière les mots des puissances étrangères.

Il n’y a aucun obstacle politique à ce que M. Kadhafi participe à une réunion bipartite sur la Libye. Cette réunion peut fort bien avoir à son ordre du jour, l’examen de son départ.
La différence est dans la place de cette réunion.
Si M. Kadhafi est là, ce peut être une défaite de son gouvernement. Ce n’est pas une défaite de la Libye. C’est la nation libyenne qui se réunit et prépare son avenir. Elle le prépare avec tous les libyens. Notamment, toutes ses forces administratives, entrepreneuriales, générationnelles.
Si M. Kadhafi est exclu, c’est la victoire d’une conquête. Les vainqueurs ne seront que les pantins de leurs tuteurs. Ce sera la guerre entre les marionnettes et les affrontements entre les tuteurs, ainsi que tous ceux qui voudront venir.
Il restera à reconstruire la Libye. Ce ne sera jamais fait. Cette destruction, parcequ’elle est inutile, qu’elle pouvait être évitée par une discussion des deux parties, est à elle seule constitutive d’un crime d’Etat.

L’annonce de conversations secrètes en Tunisie entre les deux parties libyennes, en présence d’un mandataire de l’Onu, est l’officialisation de ce que cette guerre vise à la suppression de la souveraineté du Peuple.
« La guerre est la politique continuée par d’autres moyens » selon Clausewitz. Là justement, la politique n’est pas continuée par la guerre, elle en est un appendice honteux. Elle est refoulée dans une pièce secrète, confinée dans le déni, le bavardage de journaliste, l’amuse gueule populaire.
C’est le retour aux « manières de roi » dites par Aragon.
Les cadres font la guerre, ils s’entendent s’ils le désirent.
C’est la guerre, c'est-à-dire la dictature des cadres qui décide du sort du monde, de la vie des gens. Les peuples sont réduits à des pantins, à « la rue arabe », « la rue ». Déjà, en annonçant la faillite financière et structurelle de l’Europe, suite à l’entrevue Merkel-Sarkozy, les commentateurs se demandent quelle va être la réaction de « la rue ». Il ne leur viendrait pas à l’idée de savoir ce qu’en pense le peuple, et d’appeler à un débat politique.
Le premier pendant européen à cette guerre et à ces conversations secrètes, ce sont les émeutes d’Angleterre et les procès qui s’en suivent.
Pas de politique, juste la criminalisation et des condamnations non pour des faits mais pour des intentions et des actes sans aucune portée.
L’Etat anglais cogne sur sa population comme il cogne sur la Libye. Dans les deux cas au coté des braves gens. Dans un cas, c’est par avions interposés. Dans l’autre, par justice interposée. Dans les deux cas, le peuple, le débat politique, disparaît. Ce sont des criminels, on les détruit.
Gageons que les amis de M. Cameron qui ont corrompu des policiers de Scotland Yard, ou ces mêmes policiers, s’en tireront mieux. C’est tout de même plus grave que de voler une bouteille d’eau.
Les motifs de la clandestinité de ces pourparlers sont qu’il est impossible au CNT, l’association reconnue, par l’Otan et divers pays, comme étant l’interlocuteur libyen officiel, de faire admettre à ses militants de discuter avec le gouvernement de Tripoli.
On nous explique donc que l’Otan, nous même, est embarquée dans un soutien à une organisation qui n’est pas capable de prendre des décisions et de les faire appliquer par ses militants. C’est ce qui se passe avec le gouvernement somalien, les administrations palestiniennes, etc.
Dans quel bourbier, dans quel spirale de chantage à l’infini, sommes nous engagés ? L’Otan, donc les gouvernements européens, notamment anglais et français, cautionnent ici cette politique de chantage et d’irresponsabilité, ce désordre structurel. Cela les arrange pour violer leurs engagements vis-à-vis de l’Onu, pour mener leur aventure selon les buts qu’ils espèrent en retirer.
Mais qui leur dit qu’ils arrêteront cette machine à détruire toute administration légale ? Ils en ont été incapables en Somalie, en Palestine.
L’Otan ruse avec le CNT. Mais pourquoi le CNT ne ruserait il pas avec l’Otan ? L’installation d’une politique institutionnelle de désordre, d’anarchie, de forfaiture, d’irresponsabilité, est très pratique pour ne tenir aucun de ses engagements, pour obtenir toujours plus d’aide, etc.
D’autant que c’est la logique des cadres occidentaux de dire à leurs populations qu’elles doivent accepter toujours plus d’accommodement avec les populations de culture musulmanes sous peine de voir les extrémistes prendre le dessus. Pourquoi le CNT et les fameux militants de bas ne maîtriseraient ils pas eux aussi cette logique ?
Les occidentaux n’ont pas bien compris que le temps où ils pouvaient dire que leurs paroles ne peuvent être comprise, répétées, reprises, renvoyées, par les tiers-mondistes, est terminée.
Nous voyons donc se dessiner une structure inversée où la guerre prime sur la politique et son expression publique dans les relations entre Etat, la diplomatie.
Ce qui correspond tout à fait aux politiques civiles qui se ramènent toutes à la volonté de cogner. Notamment sur les enfants, les handicapés mentaux, les roms, les faibles.

Ces gens qui ont tant glosé sur l’Etat de droit s’installent non pas dans la guerre, mais dans l’Etat de guerre. Nous savons que c’est le chaos assuré. C’est d’ailleurs pourquoi les responsables des nations capables de se développer ont mis au point des Etats dont la première fonction a été d’assurer la dictature du politique sur le militaire.
Le fait de déclarer que les militaires critiques sont sommés de suivre les politiques dans une aventure sans issue constructive ne suffit pas à masquer ce renversement des priorités.

Les nations européennes ainsi que l’UE ont intérêt à vite se ressaisir avant que les organisateurs du chaos imposent vraiment leurs priorités.

Les conséquences pour les européens commenceront.

Cette guerre est un crime continue jusqu’à son jugement.


Partie 2 : l’environnement
Cette dualité n’est que la partie émergée d’un Iceberg. Elle est la tâche d’humidité qui apparaît sur le mur. Elle révèle son imprégnation d’eau.

Cette dualité est sans doute la première forme explicite d’installation d’une administration parallèle à l’administration publique française. Une politique de substitution se met en place. Elle permet de ne pas toucher officiellement aux institutions et lois existantes, tout en assurant le transfert des responsabilités, et de l’autorité à d’autres administrations.

Ce qui distingue cette dualité des administrations du MAE des autres, c’est que pour la première fois sans doute, elle est explicite. Il y a face à face, distinction, création complète, rupture administrative. Il y en a sans doute une autre, c’est l’affrontement notaire-avocats. Mais elle ne concerne pas directement des sujets politiques. En France, elle peut passer inaperçue, rester confinée à une question corporative.

Dans les autres exemples que nous allons voir, il y a distinction dans l’unité. L’administration de substitution se présente comme un cas particulier de l’activité ordinaire de l’administration en place. L’armée est « intégrée à l’Etat-major de l’Otan ». Il n’y a pas une deuxième armée. Etc.

Il en est ainsi de l’armée française.

Il y a un fantôme administratif qui continue d’être appelé armée française. Il permet de justifier la perception d’un impôt, la production de loi de dictature militaire le cas échéant. Mais en fait, la seule administration qui puisse mettre en branle cette armée, c’est l’Otan.
Le seul cas où l’administration militaire française puisse être convoquée sans l’avis de l’Otan est toutes les formes de guerres civiles. Et encore, l’Otan a son mot à dire sur la situation civile française au cas où elle menacerait l’espace de l’Otan.
En Afghanistan, en Libye, l’armée française est entièrement soumise à l’Otan. Elle n’a pas d’existence propre.
La dualité administrative permet juste une décentralisation de la mobilisation, et le report sur la France les responsabilités financières et pénales prises par l’armée de l’Otan.

Nous avons aussi le Parlement. Les votes du Parlement sont à 80% des votes obligatoires et sans débats des directives européennes. Ils visent à l’intégration obligatoire de ces directives dans le droit français. Leur transposition.

La dualité transforme aussi la laïcité.
Par une conception ethnico-religieuse de la loi 1905 les gouvernements ont laissé croire que la loi 1905 ne concernait pas la religion musulmane. Laquelle n’aurait pas existé sur le sol français à l’époque. Or, c’est faux. D’une part, une loi est par principe universelle, d’autre part, elle s’appliquait explicitement à la religion musulmane. C’est le parti colonial qui a obtenu un arrangement en 1910, pour conserver l’assujettissement des indigènes à la religion musulmane.
A partir de cette distinction, les gouvernements ne cessent de construire une légalité religieuse qui s’appliquerait aux religions en générale, et une autre qui vaudrait pour la seule religion musulmane.
Il suffit ensuite de transférer les religions en général dans le statut particulier de la religion musulmane et la loi 1905 est vidée de sa substance publique.

Cette dualité, ou politique de substitution, de transposition, de transfert, est résumée par la formule officielle du Chef de l’Etat.
S’adressant à son Alter ego, le Président des Etats-Unis d’Amérique, Barack Obama, M. Sarkozy lui dit : « Nous sommes tous les deux des métèques ».
Passons sur ce que peut penser un noir américain d’être rappelé à un statut antérieur d’étranger dans son pays.
Le Chef d’Etat français installe donc à la direction de l’Etat le principe d’une dualité entre d’une part la fonction qui est d’organisation française, et son exercice qui est de source étrangère. Ce qui correspond à une culture de son équipe politique. Sauf erreur, M. Devedjian, Ministre, avait déjà déclaré en 2008 : « Nous sommes un gouvernement de métèques ».
Tout en découle.

Dès son arrivée au Pouvoir exécutif, le Chef de l’Etat a voulu faire inscrire cette dualité dans la constitution en y faisant inscrire la « diversité » au même rang que « l’indivisibilité ».
Ce coup d’Etat constitutionnel a été refusé. Pour combien de temps ?

Cette diversité est ici, non pas vu un principe culturel de métissage toujours bien venu, mais un principe constitutionnel de rupture de l’indivisibilité des français et de l’unité administrative de la République. Elle vise au-delà à déconstruire la notion de Peuple et de souveraineté du Peuple. Ce qui correspond là aussi à un transfèrement des principes juridiques européens qui ignorent l’existence du Peuple et de souveraineté du Peuple. Le peuple est réduit à l’assimilation à des populations hors des responsabilités constitutionnelles et légales. La souveraineté appartient aux réseaux de cadres formés en dernière instance en cours de justices. C’est très précisément cette question que traite la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, de 1789.
C’est aussi pour avoir bafoué la Souveraineté du Peuple, en prolongeant son mandat au-delà de la capacité du parlement à l’investir que le Maréchal Pétain a été condamné à mort. Pour ce crime là. Car c’en est un.

Cette dualité est une politique volontaire et non une proposition circonstancielle. Elle ne s’arrête donc pas au refus d’une commission de violer la constitution.

Elle n’est pas le fait d’une personne, d’un clan. Elle est la manifestation publique des divisions d’une société face à l’adversité. Les dualistes considèrent que la division est la solution aux problèmes nouveaux posés par cette adversité, et la possibilité de résoudre des problèmes anciens.

Elle est une politique locale à entrées multiples.

Le fait que le Chef de l’Etat, et des Ministres, se considèrent comme « Métèques » indiquent des directions quant à l’étude de la formation de cette politique.

Il s’agit d’abord d’opposer le national à l’étranger, donc à l’Européen et au mondial. Depuis cette position de la disqualification du national au profit de tout ce qui ne l’est pas, y compris dans la nation, les partisans de cette dualité organisent une activité politique particulière.
Quelle en est son ampleur et son impact, je l’ignore. Je peux simplement en relever certains mécanismes.


Principe du : eux ont le droit, moi je n’ai pas le droit.
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Cette dualité administrative et cette administration privée ont leur sacré.
Cette double appartenance est la mise en dualité administrative d’une culture politique récente.
Le Chef de l’Etat l’a annoncée en se déclarant « Métèque ». Ce qui correspond à une culture de son équipe politique. M. Devedjian, ministre, avait déjà déclaré en 2008 : « Nous sommes un gouvernement de métèques ».
Cela correspond à ce que d’autres appellent la distinction de l’identité et de l’origine. Les deux filiations étant source de légitimité, et d’organisation.
Le Chef de l’Etat est un Métèque. Les artistes sont icissiens. Une ministre nommé au FMI est « une personnalité hexagonale ».
L’appartenance à la bourgeoisie n’est plus conçue que comme un cheminement vers l’étranger ou l’hyper classe. Si elle est dite Nationale, elle est soit une succursale, soit en déperdition, un boulet.
La classe ouvrière, comme la France, n’existe plus. Les classes moyennes et populaires sont un néant politique. Un magma inerte.
Par contre, une population vive, créatrice, diversifiée, se met en place. Elle peut être nationale, bourgeoise, ouvrière, exploitée, femme, artiste, etc. C’est la population dite « d’origine », étrangère bien sur.
Les « d’origine » sont des immigrés qui sont à l’origine de la France. Leurs grands-pères ont défendu la France. Leurs pères l’ont reconstruite. La nouvelle génération la raconte. C'est-à-dire, la dirige.
Elle remplace progressivement une population indigène devenue transparente, obsolète.
Les indigènes ont tout appris de l’Andalousie arabe. Ils sont lâches, fainéants, incultes, incapables, stupides, criminels.
Dans les commissariats, les élites, les d’origines, peuvent dire aux indigènes menottés et agenouillés face contre sol qui réclament leurs droits : « Vous êtes à votre place, en bas ! ».
L’association Terra Nova, think tank du PS, rassemblement de hauts fonctionnaires de tous bords, veut éliminer de la vie politique les classes populaires françaises pour ne retenir que les diplômés et capitalistes transnationaux et les « d’origines ». Pour que les choses soient bien claires, ces hauts fonctionnaires proposent de créer une deuxième citoyenneté, la citoyenneté musulmane.
Le peuple est dit : « foule » (député Moscovici) ou populisme.
Le Peuple a disparu de toute référence constitutionnelle ou légale européenne. La souveraineté du Peuple est supprimée. La souveraineté est celle du droit et de ses appareils. Autrement dit celle des réseaux de cadres administratifs.
Nous voyons là la fonction de cette distinction des Métèques et de l’administration légale.
La seconde est là pour mettre à la portée des premiers les ressources d’une population disparue. La France et les français n’existent pas. Ils disposent cependant d’un potentiel de puissance dont ils ne peuvent avoir l’usage. L’administration le met au service des vivants.

L’administration est une étroite bande de population qui doit se démarquer de sa population indigène de référence illégitime, et s’associer aux populations légitimes d’origine ou mondialiste.

La guerre de Libye est une guerre au sein du conseil d’administration des puits de pétrole. L’Administration américaine ayant déclaré que M. Kadhafi n’a plus l’autorité pour les administrer, le consortium dirigeant met en place une autre direction.

Les Métèques liés à l’administration américaine donnent leurs directives. Les indigènes administratifs obtempèrent.

Il est à remarquer que dans ce nouveau dispositif exclusif du peuple la population n’est présente que comme vecteur des directives de l’Etat major. Elle n’a aucune légitimité, aucune pensée. Elle n’est à la source d’aucun droit.

Les dirigeants ne représentent rien d’autre que leur capacité à imposer leurs vues. Ce que la guerre de Libye efface, c’est le droit constitutionnel. Celui-ci est remplacé par un droit pénal international qui donne à une instance juridique sans légitimité populaire le soin de qualifier de crime l’action des gouvernements auxquels ont ne reconnaît aucune autorité autre que celle des accords d’administrations internationales.

M. Lévy, dans un film et à la TV, M. Obama, à Londres en juin 2011, M. Sarkozy dans un discours en province en 2010, ont en commun d’avoir raconté la même fable, ou plutôt d’avoir proclamé la même théorie politique d’explication du monde actuel.
Il y a deux sortes de pays, et donc de civilisation et de gens.
Ceux qui sont organisés selon des procédures terre-à-terre. Par la puissance, la conquête, l’organisation économique, la maîtrise de l’eau, les facultés du territoire, etc.
Les gens de ces pays ont un niveau de conscience, d’intelligence, d’imagination, peu développé. Ils sont au niveau des vaches, des industries, des envies, des techniques simples.
Ce n’est pas de leur faute, mais ils n’accèderont jamais au stade supérieur d’une évolution de l’existence de laquelle ils n’ont même pas conscience.
Ceux qui se sont organisés en fonction d’une idée, d’une aspiration supérieure.
Les gens de ces pays sont intelligents, conscients, imaginatifs.
Eux dominent les vastes questions de la vie humaine.
Une autre forme de cette fable est de dire que les habitants de certains pays, les français, aiment la campagne, la nature, les villages, etc. Ils sont charmants, mais sans s’en rendre compte ils ont l’intelligence à la hauteur de la bouse de vache.
Les idéalistes par contre, aiment les villes. Ils ont naturellement accès à la culture universelle.
M. Obama a précisé, comme les autres, que les pays fondés sur des idéaux sont exclusivement les pays anglo-saxons et Israël.
Ce racisme idéologique d’Etat exclut la révolution française du champ des idées politiques, mais aussi les pays socialistes, les pays qui se sont fait sur des idées que nous ne comprenons plus mais qui n’en en ont pas moins leur valeur.
Il donne un fondement philosophique, quasi religieux, ontologique, à l’alliance des Etats-Unis et d’Israël. Il fonde cette alliance dans l’exclusion de type racial de quiconque n’est pas anglo-saxon-blanc, car M. Obama n’a pas songé une seconde au Kenya ou au Pakistan.
C’est l’autre versant de l’arrière fond sacré de la création d’administrations privées, tribales, parallèles aux administrations officielles en France.
Elles apportent l’esprit, la légèreté, la supériorité humaine, qui manque tant à l’administration terrienne, lourde, inférieure humainement, que sont les MAE ou l’Armée française.

La guerre de Libye s’ingère dans une guerre civile étrangère pour en organiser une en France.

Ce mondialisme, c’est l’empire américain. Cette démocratie, c’est la dictature des intérêts privés sur l’intérêt public. Cette guerre de Libye, c’est la destruction de la France.

Marc Salomone
La Libye ne sera pas reconstruite. C’est l’UE, à commencer par la France, qui vont
Rien n’est pire que de courir après ses obsessions, ses ressentiments, ses revanches. L’UE a raté l’intégration des pays d’Europe de l’Est pour avoir voulu prendre sa revanche sur le renversement par les communistes des régimes fascistes et féodaux en 45. L’Allemagne a raté son unification pour avoir pris sa revanche sur la défaite de 1945, par l’Anschluss de 90. L’Europe a raté son association avec les pays de l’URSS pour avoir voulu prendre sa revanche sur la Révolution de 1917. Elle a raté sa constitution pour avoir voulu prendre sa revanche sur la révolution de 1789. Etc.

Le parti occidental qui s’est installé aux commandes de l’Occident en 1989 a détruits les pays et les populations des pays de l’Union soviétique.

L’UE court après ses revanches et détruit son avenir.

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