jeudi, avril 10, 2014

sarkozy, guillaume, députée, : Trois écueils


 

 

 

Paris, le jeudi 20 mars 2014

 

 

 

 

Cour de Justice de la République

 

COMMISSION DES REQUETES

 

21, rue de Constantine

75007 Paris

Tel. : 01.44.11.31.00

Fax : 01.44.11.31.39


 

 

 

 

N. Réf. : Requête N° 08/2014.

 

Cf. : Courrier du 16 mars 2014 : Les magistrats intuitu personæ

 

 

Objet : Trois écueils

 

 

 

 

Monsieur le Président,

 

L'actualité indique les trois principaux écueils que rencontre la requête que j'ai déposée auprès de la CJR pour prospérer.

 

1)- La corruption

Médiapart nous apprend que M. Sarkozy a mis en place un dispositif permettant de dialoguer en dehors de la procédure avec les magistrats en charge des dossiers le concernant.

 

Il ne s'agirait pas de la corruption occasionnelle et intéressée d'un magistrat mais de la mise en place d'un réseau d'informations et d'actions privées au sein de l'Etat.

 

 

J'ai déjà rencontré la corruption dans les développements du dossier que je soumets à votre attention. J'ai déjà signalé le fait lors du traitement à Bordeaux de l'affaire Bettencourt. cf. courrier du 30 septembre 2013.

 

cf. Le Canard Enchaîné du mercredi 18 septembre 2013, P. 3 « Sarko et son  juge signent l'armistice ». D.S. Article servant de référence à plusieurs journaux. L'article se termine par :  « Je te tiens, tu me tiens... »

 

Le Canard Enchaîné a précisé qu'au moment opportun le juge Gentil a été mis au courant qu'une « belle promotion » l'attendait. Une mise en cause pour abus professionnel aurait fait tache et gêné l'opération de reconversion.

 

M. Sarkozy, M° Herzog, ont dialogué à distance avec le juge Gentil. Ce dernier a fait savoir par des bruits de couloir qu'il était moralement disponible pour entendre des voix. M° Herzog, conseil de M. Sarkozy, s'est abstenu d'être présent à une réunion judiciaire qui aurait conduit les différentes parties accusées à mettre en accusation le juge Gentil.

 

Les autres parties n'ont que moyennement apprécié ce lâchage qui a suffit à invalider leur propre action. Elles ont été renvoyées en correctionnelle. M. Sarkozy a eu un non lieu.

 

A la lecture de la presse, je me rends compte que M. Sarkozy dispose de relais dans l'appareil de la magistrature et non de simples corrompus en fin de carrière. Il n'est donc pas impossible qu'il se soit aussi occupé de ma demande d'ouverture d'une enquête préliminaire sur les faits qui m'ont conduit à déposer la requête qui vous a été adressée.

 

Je sais par ailleurs que la police s'est occupée de ma demande par des actions parallèles que j'ai signalées à la justice.

 

C'est pourquoi je me permets, Monsieur le Président, de solliciter votre attention concernant cet aspect des choses.

 

2)- Les stéréotypes de pensée

 

Les stéréotypes publics des cadres concernant les agressions sexuels sont un obstacle à l'examen de ce viol présumé.

 

1- Les cadres masculins

L'implication récente d'un élu aussi respectable que M. Raoul dans une affaire de harcèlement sexuel, dont il reconnaît les faits et dont il s'excuse, nous donne l'opinion des cadres dirigeants masculins à l'égard des différentes formes d'abus sexuels dans un cadre professionnel.

Ils sont pour.

Les lois de plus en plus répressives qu'ils votent contre les écarts de conduites sexuelles sont pour les autres, le vulgaire. Eux s'estiment dispensés de leur application et surtout du respect de l'autre qu'elles induisent.

 

2- Les cadres féminins

Mme Guillaume a donné à lire toute l’ambiguïté, assez servile, des cadres féminins.

 

 

 

a- La bravade privée mensongère

Au sujet des agressions sexuelles : « Marie-Célie Guillaume dit, elle, s'en tirer en pareil cas en distribuant une paire de gifles, mais ne veut porter "aucun jugement moral" sur celles qui cèdent. »

 

Je pense avoir démontré que, loin d'accepter l’indifférence et le pardon, Mme Guillaume rejette avec la violence d'un fauve tout outrage de caractère sexuel ou non.

 

Nous savons que la paire de gifle est un mythe de la toute puissance, à l'image du coup de poing dans la gueule masculin. Quand Mme Guillaume veut gifler un insulteur, elle demande au Commissaire de police de le faire à sa place.

 

b- La soumission publique orgueilleuse

Par contre, Mme Guillaume a parfaitement résumé le point de vue public des cadres féminins :

« J'ai voulu parler de la relation entre un homme de pouvoir et le sexe. La scène existe, mais c'est universel. C'est peut-être la seule scène du livre qui n'est pas violente. Elle est triviale. Cette élue s'en fout, elle en a vu d'autres. Quand on est une femme politique, si on n'est pas capable de gérer ça, il vaut mieux changer de métier. ».

 

Cette prose est ce que les femmes cadres estiment obligatoire, convenable, de dire en public. C'est la ligne politique du féminisme, sa langue de bois. C'est de la pure propagande. Mais ça montre que le centrisme de bon aloi, la norme médiatique, dans les milieux dirigeants, est dans l'affirmation verbale de l'acceptation du viol au titre de son caractère dérisoire.

 

Cette affaire de viol élyséen a au moins le mérite de situer l'évolution de la place sociale des femmes depuis la loi Veil ; elle est modeste.

 

Donc, l'opinion des cadres est partagée entre :

a- Des hommes dirigeants qui se proclament indignées par le viol, mais estiment sa pratique normal du moment que ça reste entre soi. D'où l'Omerta de principe.

b- Des femmes cadres qui déclarent que les agressions sexuelles sont des rites d'initiations tout en guettant la possibilité d'écraser leur agresseur par une convocation policière. D'où l'Omerta de ruse.

 

Je ne partage pas l'opinion de Mme Guillaume selon laquelle une députée peut se faire violer par un cadre dirigeant du Pouvoir exécutif sans que cela prête à conséquences judiciaires.

 

3- La hiérarchisation des faits

Je n'ai jamais conçu ma démarche comme concurrente ou complémentaire à aucune autre. Lorsque j'ai commencé à questionner M. le procureur de la République, personne n'imaginais possible ces « affaires ». Je demande compte d'un fait, c'est tout.

 

Je remarque cependant que les médias, autant que la justice ou les cadres politiques, opèrent une distinction normative entre un financement occulte présumé de campagne électorale au profit d'une personne déterminée et le viol présumé d'une députée par la même personne.

 

a- Le financement occulte ou les rétro-commissions sont dignes d'une attention judiciaire et médiatique.Ce sont de vrais questions politiques.

b- Le viol d'une députée est une supposition si dégoûtante et dérisoire que nul ne veut se salir à en évoquer l'éventualité.

 

 

J'attire votre attention, Monsieur le Président, sur l'impertinence de cette distinction qui va à l'encontre de l'homogénéité de l'espace public. Les préjugés ne peuvent organiser l'action de la justice.

 

Conclusion

 

Le 29 janvier 2014, au téléphone avec son client, M. Sarkozy, M° Herzog a cette expression : « «sauf si le droit finit par l’emporter ».

 

C'est en effet ce que je pense. Les obstacles à l'examen de ma requête sont insurmontables « sauf si le droit finit par l'emporter ».

 

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'assurance de mes salutations distinguées,

 

 

Marc SALOMONE

 

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