vendredi, septembre 19, 2008

la petite fille d'Auschwitz

Paris, le jeudi 18 septembre 2008


Objet : Pourquoi faites vous cela ? Alors que vous n’y êtes pas obligés ?

Madame, Monsieur

1)- La petite fille
Parmi les récits d’Auschwitz que la télévision nous donne à entendre, il y a celui-ci.
Une petite fille juive est dans la salle de déshabillage de la chambre à gaz. Elle se met nu et aide son frère apeuré et perdu à se déshabiller. Un Sonderkommando s’approche pour aider l’enfant à se déshabiller. Sa sœur le repousse en lui disant : « Tu es un juif qui fais du mal aux juifs. Tu n’as pas le droit de toucher à un enfant juif. ». Je cite ses paroles de mémoire. Elles peuvent être retrouvées dans les archives.
Ce sont des paroles d’exclusion d’un juif du droit à compatir pour des juifs, à toucher un juif, à se réclamer de sa judéité pour se distinguer des bourreaux.
Cette petite fille a dit le droit. Elle en avait la légitimité et le pouvoir.
La petite fille est morte dans la chambre à gaz quelles que minutes plus tard.
Sa parole, elle, est toujours d’actualité.

2)- Plus jamais ça

A- L’Ordonnance de 1945
A la Libération pour que de tels faits ne se reproduisent plus, il fut mis en place des mesures institutionnelles ayant valeur constitutionnelles. L’une d’elle, la plus spectaculaire, la plus douloureusement humaine sans doute, est l’Ordonnance de 1945.
L’Etat français en était redevable aux enfants, aux mineurs, non seulement pour les crimes du nazisme, mais pour ses propres crimes.
Non seulement, les enfants juifs de moins de 16 ans n’avaient pas été réclamés par les allemands. Mais c’est toute la politique de répression des mineurs qui est en cause. Les maisons de redressement, les bagnes pour enfants, la haine administrative des enfants, la psychiatrie, etc.

B- Le principe
Le principe de l’Ordonnance est de séparer les mineurs, quoiqu’ils aient fait, de toutes les politiques répressives visant les adultes.
Par la même, elle interdisait d’intégrer à nouveau les mineurs dans les débats politiques et sociaux concernant les majeurs.
Pour ce faire, la loi arrache les mineurs à l’emprise des personnels administratifs de répression. Elle les leur laisse le moins possible. Quand ils peuvent les prendre en charge c’est sous des conditions draconiennes. Elle dissocie constitutionnellement les fautes des mineurs des fautes des adultes, ou du mineur devenu adulte.

3)- La jurisprudence démocratique
En octobre 1944, le général de Gaulle, Président du Gouvernement provisoire, signe des feuilles entières de grâces.
Ces hommes ainsi graciés ont trahis la France, et ils ont commis les pires atrocités qui soient. Ils ont torturés, violés, assassinés, hommes femmes enfants vieillards. Quelques milliers de ces infâmes seront alors fusillés. A côté d’eux, les criminels de droit commun passent pour des amateurs.
De Gaulle qui a la sentimentalité d’une huître refuse la mort de ces hommes et accepte celles d’autres qui avaient commis les mêmes crimes.
Pourquoi ? Parcequ’ils ont moins de 21 ans. Ils sont mineurs. C’est tout.
Il n’y a pas de droit s’il n’y a pas cette distinction pénale sans équivoque des mineurs et des majeurs.

4)- Le retour des mêmes
Aujourd’hui, les mêmes forces politiques, administratives, sociales, idéologiques, organisent la rupture de l’ordonnance de 1945, quelqu’en soient les maquillages astucieux, soit par la définition d’une majorité pénale à 13 ans, comme dans par le fichier Edvige, soit par la mise en cause de la minorité pénale pour les récidivistes, etc. Ils n’ont jamais admis la Libération, la défaite de Vichy, la libération des camps, l’Ordonnance de 1945.

5)- Les criminels
Ceux qui organisent l’édulcoration, la subversion, la destruction, la suppression, de fait ou de droit, de l’Ordonnance de 1945 reprennent le même combat, sous des formes nouvelles, que leurs prédécesseurs qui ont arrêtés, déportés, gazés, les enfants. Ils reprennent aussi le combat criminel de ceux qui ont détruits des milliers d’enfants dans les institutions de l’Etat français. Pour ce faire, ils avaient également créés une majorité pénale aménagée. Ils l’ont fait non pas d’abord parceque c’était des enfants juifs. Ils l’ont fait car le fait que ces enfants soient juifs était alors le seul moyen de tuer des enfants. Ils ont tués ces enfants en en faisant les supports des combats fratricides des adultes. C’est cela que les empêchait de faire l’Ordonnance de 1945. C’est pour cela que, depuis 1945, ils veulent la détruire. C’est cette barrière de civilisation qu’ils détruisent à nouveau aujourd’hui.

6)- Les complices
Ceux qui cautionnent, par leur approbation, leur participation, leur silence, leur complicité implicite, cette rupture de la disposition constitutionnelle anti nazie de protection de l’enfance, de tous les enfants, sont dans la même situation que le Sonderkommando qui prétendait aider un enfant à mieux servir ses bourreaux.
La petite fille ne lui a trouvé aucune excuse. Quand bien même il risquait sa vie. Ceux qui ne risquent rien n’ont pas plus d’excuses.

7- Nous savons
« Nous ne savions pas » disaient les allemands et les administratifs français, en 1945. Cette fois ci nous savons. Tous.
« Si leur voix s’éteint, nous périrons ».

Marc Salomone